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Centre Colombie 1

 

Nous sommes le mercredi 13 juillet, après les magnifiques parcs archéologiques de San Augustin et Tierra Dentro, nous retournons dans la vallée du fleuve Magdalena direction le nord. Nous faisons une rapide halte dans la ville de Neiva pour refaire un gros plein de courses. Nous avons repéré un centre commercial, sauf qu’en Colombie les parkings sont tous couverts et le van trop haut pour passer... Il faut une bonne dizaine de minutes de négociation à Manu pour que nous puissions entrer et qu’un gardien nous trouve une place adaptée !

 

En quittant les montagnes, le thermomètre a pris un coup de chaud. Nous déjeunons à la sortie de Neiva sous une température de près de 40°C ! Et nous allons être servis côté chaleur puisque notre prochaine destination est le désert de Tatacoa. Il s’agit d’une bizarrerie climatique puisque ce lieu désertique se trouve au beau milieu de montagnes verdoyantes. En fait il s’agit d’un semi-désert car il y pleut plus que chez nous (1000 mm en moyenne par an). Mais la température est tellement élevée que l’eau s’évapore très rapidement...

 

Nous quittons Neiva en début d’après-midi et arrivons dans un paysage bien contradictoire. Tout est à la fois sec et marqué par les violents épisodes pluvieux. L’érosion a creusé d’innombrables vallons qui s’entrecroisent dans un véritable labyrinthe minéral. Nous nous arrêtons à l’entrée du désert pour faire école alors que le thermomètre monte jusqu’à 45,5°C ! Notre record depuis le début du voyage !!!

 

En soirée nous avons prévu de nous rendre à l’observatoire tout proche pour contempler les étoiles. Le désert est réputé pour être dépourvu de nuages et éloigné de toute pollution lumineuse. Double malchance pour nous car en soirée le ciel se voile et une production de cinéma profite des paysages martiens qui nous entourent pour tourner un film à grands renforts de projecteurs ! Du coup pas une étoile n’est visible dans le ciel...

 

Le lendemain, nous partons à la découverte des différents sites du désert. Quelques sentiers permettent de marcher dans les vallons colorés mais rien de bien balisé alors nous n’allons pas trop loin afin de ne pas nous perdre ! Nous passons à côté des décors de cinéma qui ont servis la veille. On se croirait dans un épisode de Stargate ! Le sol est couvert de vieux sédiments issus d’une mer intérieure disparue depuis plusieurs millions d’années. Leur couleur varie du rouge au gris et l’érosion a sculpté quelques formes rigolotes que l’on devine avec beaucoup d’imagination : botte, tortue, crocodile...

 

Nous prenons en stop à plusieurs reprises des jeunes colombiens qui vont de sites en sites à pied malgré la chaleur et le soleil qui tape très fort. Nous arrivons en fin de matinée au niveau d’une piscine artificielle alimentée par la nappe phréatique du désert. Après une petite balade dans le canyon tout proche, nous ne résistons pas et allons piquer une tête. Jusqu’à maintenant nous n’avons pas croisé beaucoup de français en Colombie, mais ici c’est de la folie ! En fait quasiment tout le monde parle français dans cette piscine !!! Bien rafraichit, nous prenons l’apéro avec un couple d’étudiants colombiens pris en stop à l’aller avant de manger et repartir. Il fait vraiment trop chaud ici pour se poser plus longtemps !

 

 

Nous quittons le désert pour le village tout proche de Villavieja. Nous nous garons sur la place principale pour bivouaquer. Le thermomètre dépasse toujours les 40°C et nous nous inquiétons un peu pour notre panneau solaire qui ne charge plus nos batteries. Nous espérons que rien n’a grillé à cause de la chaleur excessive...

 

Le lendemain, nous hésitons à retourner à Neiva pour faire tester notre panneau solaire et nous décidons finalement de continuer la route. Notre prochaine étape est à 250 km et ici cela signifie une journée à rouler ! Nous prenons la petite piste vers le nord qui nous permet de récupérer la route de Bogota. Cette dernière est très roulante et ça fait du bien de pouvoir avancer un peu ! Nous nous arrêtons dans une station-service pour déjeuner. Comme souvent ici elle est gardée par un homme avec fusil à pompe... La télé est branchée sur les infos, les images de la tuerie de Nice passent en boucle. Ça nous fait tout drôle de voir ces images d’horreur en France depuis la Colombie, c’est un peu le monde à l’envers...

 

L’après-midi est consacrée à la traversée d’une des cordillères qui sépare le pays du nord au sud. Finie la route droite, place aux virages ! Heureusement les routiers sont en grève depuis une quarantaine de jours et nous arrivons à garder un rythme de 30 km/h... Nous pouvons ainsi profiter des très beaux paysages de montagne et de la forêt dense qui semble parfois suspendue aux versants. Nous parvenons à rejoindre la ville d’Armenia et la région du café en fin de journée.

 

Après une bonne nuit de repos, nous prenons la direction du village de Filandia perché au-dessus des vallons où est cultivé le café. Ce lieu est aussi très connu des colombiens car il a accueilli pendant très longtemps le tournage d’une télé novela nommée « femme à la saveur du café ». Tout un programme ! Petit tour sur la place aux maisons colorées et nous entrons dans un café pour déguster... un café. Quel plaisir ! Il est excellent ! Manu ira même jusqu’à dire « le meilleur café de ma vie ! ». Nous en profitons pour demander aux propriétaires s’il est possible de visiter une finca (exploitation de café). Pas de problème ! Ils appellent Miguel qui va nous emmener en balade pour l’après-midi.

 

Nous voilà partis avec le van sur les pistes qui bordent les petites fincas familiales qui entourent Filandia. Ici pas de grandes exploitations industrielles et pas de produits chimiques, tout est fait à la main ! Nous arrivons dans une petite finca et nous sommes accueillis pour le plus grand plaisir d’Auria par tout une tripotée de chiens qui nous font la fête ! Petits tours dans les champs à flanc de coteau. Les caféiers sont cultivés avec des bananiers, des citronniers, du maïs, de la canne à sucre... Ici les familles vivent en autosuffisance et vendent les éventuels surplus de leur production.

 

Miguel nous montre les différentes espèces de caféiers, en Colombie ce sont des espèces pour faire du café arabica. Nous récoltons quelques grains mûrs (rouges) et rentrons à la maison familiale pour découvrir les différentes étapes qui mènent au café moulu. Nous sommes dans un lieu de production très très artisanal. La ferme en adobe dispose d’une petite grange attenante avec les cochons et deux bassins pour laver les graines. Une fois propres, celles-ci sont triées dans un plateau percé pour différencier deux qualités de grains.

 

Les grains passent ensuite dans une machine qui permet d’enlever la première bogue rouge. Ils sont entreposés sur le toit pour être séchés entre trois et sept jours selon la météo. Nous récupérons des grains déjà secs et passons à l’étape suivante : dans un pilon, nous écrasons les grains séchés pour enlever une seconde peau. Pas évident et sacrément long à faire !

 

Ce n’est pas terminé ! A présent nous faisons toaster les grains pendant une petite dizaine de minutes sur le feu jusqu’à ce qu’ils prennent une couleur noirâtre. Nous les retirons du feu et il ne reste plus qu’à les moudre de manière toujours aussi artisanale... Avec notre petite production, Miguel nous concocte quatre tasses de café que nous dégustons avec un immense plaisir. Première fois qu’Auria boit du café et pas n’importe lequel !!! Visite passionnante et quel bonheur de boire un café fait maison !

 

 

Nous retournons sur Filandia pour passer la soirée. Nous allons au mirador qui domine la vallée du café mais le temps est très couvert... Nous refaisons donc un petit tour de la place du village et recroisons Miguel au volant de sa Jeep Willys de 1954 ! Ici cette voiture est une institution, il y en a partout et toutes très bien restaurées. Elles servent notamment à emmener les touristes en balade.

 

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Le lendemain, nous retournons sur Armenia pour visiter le musée « del oro Quimbaya ». Il n’est pas très grand mais dispose de quelques très belles pièces en or et en céramique. Il nous permet de nous familiariser un peu plus avec les cultures préhispaniques du secteur. Comme toujours celles-ci sont passionnantes ! Nous profitons de l’après-midi pour mettre en ligne l’article précédent du blog (en Colombie la wifi est une école de patience) et faire un peu école alors que des trombes d’eau s’abattent sur le van...

 

 

En ce lundi 18 juillet, nous partons pour le village de Salento porte d’entrée dans la vallée de Cocora. Nous montons tout d’abord en haut du village pour un point de vue panoramique sur la vallée et redescendons dans le centre pour un petit tour. Hormis la place qui est jolie, pas grand-chose à faire ici. Nous continuons donc vers la vallée qui est le point de départ de diverses randonnées.

 

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La route qui mène à Cocora est très belle, nous nous enfonçons progressivement dans la vallée et apparaissent les premiers palmiers cire, arbre emblème de la Colombie. Ils tranchent nettement dans le paysage avec leur profil effilé. Comme nous avions beaucoup apprécié la balade à cheval de Vilcabamba dans le sud de l’Equateur, nous décidons de renouveler l’expérience. Nous voici partis pour un tour de 3 heures dans la vallée jusqu’à la « casa de los colibris ». Sauf que cette fois-ci, les montures sont nettement moins dociles ! Nous avons avec nous un guide à pied mais il a bien du mal à gérer nos chevaux...

 

Celui de Manu est particulièrement indiscipliné et ses réactions sont parfois imprévisibles ! Il commence par donner un coup de tête à Youenn, excite le cheval d’Auria qui se met au trot et entraine Auria qui a un pied coincé dans une corde... Première frayeur pour la minette qui a eu peur de tomber. De temps en temps sur le parcours, il se met à faire demi-tour sans que Manu ne puisse rien y faire. A un moment le guide est obligé de s’énerver très fort avec le cheval et de l’accrocher à un arbre pour qu’il se calme !Malgré tout la balade est magnifique, nous montons par un chemin qui débute dans des alpages puis s’enfonce progressivement dans la forêt. Nous traversons des rios à plusieurs reprises et le chemin est rendu sacrément boueux par les pluies des derniers jours.

 

Nous parvenons finalement à l’entrée de la maison des colibris. Sauf qu’au moment de s’arrêter, le cheval d’Auria a décidé de continuer et passe sous un arbre très penché. Certes le cheval passe, mais pas Auria !!! Grâce à un excellent reflexe, elle s’accroche à l’arbre alors que son cheval continue. Elle se retrouve les pieds qui pendouillent 80 cm au-dessus du sol et sans cheval... Grosse frayeur pour elle !

 

Nous continuons à pied jusqu’à la maison des colibris. Des abreuvoirs alimentés d’eau sucrée ont été aménagés pour les attirer. Superbe ! Il y en a partout, de plein d’espèces différentes. Ils sont juste à côté de nous et foncent dans toutes les directions. Manu s’arrache les cheveux pour prendre une photo correcte, ils vont trop vite pour l’appareil photo !

 

Pour le retour, nous préférons laisser notre guide repartir avec les chevaux et finir à pied. La descente est rigolote dans ce chemin hyper boueux où il faut parfois monter sur les barrières pour éviter de glisser ou de laisser une chaussure dans la boue... Quelques passerelles bancales pimentent également la balade et nous arrivons juste avant que la pluie ne se remette à tomber !

 

 

Nous préférons reprendre la route en fin d’après-midi car il est impossible de trouver un lieu de bivouac libre à Cocora. Nous stationnons finalement sur une sorte d’aire d’autoroute. Depuis plusieurs jours, nous sommes en contacts avec une famille française vivant en Australie et partie en voyage pour deux ans. Ils sont sur Armenia et viennent finalement nous rejoindre pour passer la soirée. Cela fait quelques temps que nous n’avons pas rencontré de famille francophone et les loulous sont ravis de trouver des enfants avec qui s’amuser ! Nous passons la soirée et une partie de la matinée à discuter avant de reprendre la route.

 

Nous avons près de 300 km à faire avant notre prochaine destination et devons retraverser la cordillère centrale de Colombie. Comme toujours les virages, les véhicules lents, les montées-descentes rendent la route très longue. Nous faisons une halte dans un village pour dormir avec une petite visite de la police prévenue par des habitants apparemment inquiets de notre présence ! Contrôle de passeport et au final ils nous laissent leur numéro au cas où...

 

Mercredi 20 juillet, en ce jour de fête de l’indépendance en Colombie, nous continuons notre trajet vers le nord. Nous passons à côté de Bogota en faisant l’impasse sur la capitale colombienne. Nous serions bien allés visiter le musée de l’or, considéré comme le plus beau d’Amérique du Sud, mais la circulation dans la ville n’enchante pas Manu et il semble très compliquer de trouver un lieu de bivouac correct...

 

Après avoir été survolés par une dizaine d’hélicoptères de combats à basse altitude (l’équivalent de la patrouille de France j’imagine), nous arrivons dans la ville de Zipaquira à 40 km au nord de Bogota. Petite promenade dans la vieille ville et ses monuments coloniaux sous la pluie...

 

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Le lendemain, nous nous dirigeons vers la cathédrale de sel, mine reconvertie en œuvre d’art religieux. A priori ce monument est magnifique mais nous sommes refroidis par le prix d’entrée qui est le double de celui indiqué dans notre guide (datant pourtant de septembre 2015)... A plus de 50 € pour nous quatre les deux heures de visite, nous préférons changer notre programme et rejoindre une autre mine de sel moins connue mais a priori tout aussi intéressante.

 

15 km plus loin, nous arrivons dans le charmant petit village de Nemocon. Nous nous garons sur la jolie place de l’église et partons vers les mines de sel. Le prix est ici raisonnable (et le même que l’on soit colombien ou étranger) et nous n’allons pas être déçus par le site ! En attendant le début de la visite, nous montons au-dessus de la mine et profitons d’un point de vue sur le village. Nous avons la chance d’avoir une guide pour nous quatre. Elle est très sympa et parle suffisamment lentement pour que nous puissions comprendre !

 

Nous descendons dans l’ancienne mine dont l’exploitation a été abandonnée il y a 70 ans. La roche est constituée à 85% de sel et de grandes galeries permettent de déambuler sous terre. La roche était à l’époque fissurée à la dynamite mais aujourd’hui, la mine en activité un peu plus loin utilise des techniques hydrauliques moins dangereuses. La partie que nous visitons a été réhabilitée et consolidée avec du bois. Après quelques minutes de descente, nous arrivons au niveau d’une étendue d’eau où les blocs de sel étaient lavés. L’eau est ici saturée en sel ce qui lui donne un effet miroir impressionnant ! Nous nous approchons avec prudence car nous avons la sensation qu’il n’y a pas d’eau mais un vide d’une dizaine de mètre. En réalité c’est le plafond qui se reflète dans l’eau, nous sommes totalement bluffés !

 

Nous visitons ensuite le refuge qui servait d’abri aux mineurs en cas d’accident. Cette partie a été utilisée pour le tournage d’un film avec Antonio Banderas et Juliette Binoche sur la mésaventure vécue par 33 chiliens. Ceux-ci étaient restés prisonniers 70 jours sous terre suite à l’effondrement de la mine de cuivre où ils travaillaient. Les décors du film sont restés tel quelle et quelques photos illustrent cette catastrophe. Le film s’intitule « les 33 » et pour la petite histoire, ils s’en sont tous sortis sains et saufs.

 

Nous continuons en passant par la cascade de sel (on dirait un chou-fleur géant !), la chapelle de la mine, un cœur en sel sculpté devenu symbole de la mine... L’exploitation ayant cessé depuis 70 ans, quelques stalactites recouvrent parfois le plafond, certains sont assez impressionnants ! Nous finissons cette très belle visite en repassant devant l’étendue d’eau à l’effet miroir si intriguant. 

 

 

Notre programme est chargé jusqu’à Carthagène, ultime étape de notre voyage. Nous reprenons donc la route et faisons un rapide détour par le pont historique de Boyaca. Ici s’est déroulée une bataille mémorable dans l’histoire de la Colombie le 7 août 1819 avec la victoire de l’armée indépendantiste de Simon Bolivar contre les troupes espagnoles. Sauf qu’aujourd’hui il tombe des trombes d’eau et l’horizon est complètement bouché, nous restons donc au sec dans le van le temps de prendre quelques photos des monuments commémoratifs avant de repartir.

 

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Comme toujours, cap au Nord ! Il nous reste trois semaines avant notre retour en France, nous prenons donc la route de notre prochaine étape : le village de Villa de Leiva...

 

 



24/07/2016
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