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BOLIVIE


La Paz, lac Titicaca et Tiwanaku

Lundi 21 mars, après avoir roulé deux heures sur une bonne route goudronnée, nous arrivons sur l’agglomération de La Paz. Bon autant le dire tout de suite, les grandes villes ne sont pas notre fort... Nous hésitons entre stationner sur le parking de l’aéroport à l’extérieur du centre-ville ou bivouaquer dans un parking gardé au beau milieu de La Paz. Allez soyons fou, nous tentons notre chance pour le centre-ville ! Quelle erreur !!! Il faut tout d’abord descendre dans la cuvette de La Paz en empruntant de petites rues très pentues et bondées. La plupart sont en sens unique mais le sens de circulation n’est jamais indiqué. Ce qui devait arriver arriva, Manu s’engouffre dans une ruelle pavée très pentue (sur les conseils du GPS) et se retrouve à devoir reculer en montée car des voitures arrivent en face et il est impossible de se croiser ! Après deux bonnes heures de conduite stressante, nous arrivons enfin au parking espéré. Nous l’avions repéré dans un blog de voyageurs, sauf que depuis celui-ci a fermé !!! Nous nous retrouvons donc contraints de ressortir du centre de La Paz pour nous rendre sur la ville d’El Alto (dans les hauts de La Paz) où se situe l’aéroport. Cette fois-ci Manu repère une quatre voies pas loin qui mène à l’aéroport... Mais avec tous les sens unique, il galère un bon moment avant de récupérer cette grande artère de circulation. Après maints efforts, nous finissons la soirée dans le parking gardé de l’aéroport, au calme et en sécurité...

 

Le lendemain matin, direction La Paz, mais cette fois-ci en « collectivos » (sortes de minibus bondés). Nous avons donné rendez-vous à Marie (la tante de Manu, en voyage en Bolivie) le midi dans le centre. Comme nous sommes en avance, nous en profitons pour déambuler un peu dans la ville : place Murillo avec la cathédrale et le palais présidentiel, église San Francisco... Au détour des rues nous tombons sur écrivains publics installés avec leurs...machines à écrire ! Assez surprenant en 2016 dans une capitale !

 

Nous retrouvons comme convenu Marie devant une église du quartier de Sopocachi. Cela fait sept mois que nous sommes partis et n’avons pas vu la famille, nous sommes donc tous très heureux de la retrouver ! Direction un petit restau végétarien pour fêter ces retrouvailles et nous profitons de l’après-midi pour visiter le quartier de Sopocachi. En fait il n’y a pas grand-chose à voir car il s’agit plutôt d’un secteur avec hôtels, restaurants et rues commerçantes. Nous montons à un mirador pour profiter d’une vue panoramique de la ville et souffler un petit peu dans un lieu arboré.

 

Nous croisons en chemin la police militaire maritime de Bolivie. Bon là ça mérite une explication, d’autant plus que nous sommes « el dia del mar » (le jour de la mer) et qu’il y a des festivités partout. Première chose, la Bolivie n’a pas de côte maritime mais une police maritime... Bizarre ! En plus ils fêtent le jour de la mer, doublement bizarre !!! Tout s’explique : il y a près de 150 ans, la Bolivie avait un accès à la mer, mais suite à la guerre du Pacifique (Bolivie et Pérou contre Chili), les chiliens leur ont piqué cet accès. Visiblement ils ne s’en sont jamais remis et espèrent encore retrouver un jour un territoire les reliant au Pacifique. En tout cas, la police maritime est vraiment ridicule dans son accoutrement et la fête nous a vraiment compliqué la vie pour retourner à l’aéroport le soir, l’autoroute étant bloquée par les défilés !

 

 

Le mercredi matin, Marie vient nous rejoindre à l’aéroport pour passer quelques jours avec nous du côté du lac Titicaca. Nous prenons la route vers Copacabana, non pas la plage brésilienne, mais le village bolivien situé sur les bords du lac. Plus facile à dire qu’à faire car les grandes avenues qui sortent d’El Alto vers Copacabana sont toutes en travaux et fermées (belle organisation bolivienne !). Le GPS est complètement perdu et Manu se retrouve dans les chemins de traverse plus ou moins asphaltés afin de trouver une sortie de la ville. Cette première étape passée, nous comprenons que les travaux perdurent encore en dehors de la ville, ce qui ralentit considérablement notre allure car il faut une fois de plus prendre les chemins adjacents !

 

Heureusement, après les travaux, la route est nickel ! Petit arrêt à un village pour manger et halte aux abords du lac Huinaimarca (petit frère du Titicaca) pour monter à un mirador qui offre une superbe vue panoramique sur les alentours.

 

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Nous devons par la suite passer un bac au niveau de l’isthme entre les lacs Huinaimarca et Titicaca. Une quinzaine de minutes de traversée à vitesse d’escargot pour passer de l’autre côté. De nombreuses barques font l’aller-retour transportant tout ce qui roule : voitures, bus, camions et surtout collectivos ! Sympa cette première navigation en limite du lac mythique que nous sommes impatients de découvrir !

 

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Nous arrivons finalement en fin de journée sur Copacabana. La route offre un magnifique panorama sur le village et le lac juste avant d’arriver. Nous nous stationnons sur la place principale et trouvons un hôtel pour Marie. Nous sentons que l’effervescence gagne la ville. C’est la semaine sainte et dans deux jours, de très nombreux pèlerins venant de La Paz rejoindront Copacabana pour une grande cérémonie. Nous avons d’ailleurs croisé beaucoup de ces pèlerins le long de la route, pas terrible comme itinéraire de pèlerinage d’ailleurs... Nous profitons du calme encore présent pour passer une bonne nuit.

 

Le lendemain matin, nous visitons le village. Petite promenade le long de la plage et du port, partie de babyfoot (que nous avons gagnée avec Youenn), achats dans les nombreuses échoppes d’artisanats. Nous remontons sur la place centrale pour visiter la basilique qui est magnifique. Blanche d’extérieur, elle rappelle un peu les églises du sud de l’Espagne. L’intérieur est immense et grandiose. Nous apprécions surtout les fresques assez récentes qui expliquent la conversion des indigènes à la religion catholique ! Nous profitons aussi de cette balade dans le village pour nous acclimater à la culture inca dans laquelle nous allons baigner les prochaines semaines. Dans cet esprit, Youenn goutte même à l’Inca Kola, soda local. Pas terrible !

 

 

Après la découverte du village, nous nous dirigeons vers le port pour prendre le bateau qui va nous conduire à l’Isla del Sol (l’Ile du Soleil). Selon la légende, le dieu du soleil s’était réfugié sur cette ile lors d’une période de déluge et ses enfants Manko Kapak et Mama Okllo partirent de cette ile pour fonder Cuzco et l’empire inca... Lieu de légende ! Trajet à vitesse d’escargot jusqu’au nord de l’ile, que nous atteindrons au bout de 2h30 de navigation.

 

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Nous débarquons au port de Challapampa en fin d’après-midi. Le lieu est très paisible et nous rejoignons l’autre côté du village pour découvrir une plage également très sympa. Il n’est pas encore très tard, nous décidons donc de marcher jusqu’à l’extrême nord de l’ile où sont concentrés les principaux sites archéologiques. Nous découvrirons tour à tour la pierre sacrée, le rocher sacré (qui aurait abrité le soleil et la lune), une table de cérémonie et enfin les ruines du temple de Chinkana. Outre ces sites, nous adorons nous balader le long de ces côtes escarpées qui rappellent un peu les paysages de la Corse !

 

Après ces hauts lieux légendaires, nous retournons au port de Challapampa pour trouver un hébergement. Nous avions croisé une señora en arrivant qui nous avait proposé des chambres vraiment pas chères (l’équivalent de 2,5 € par personne). Nous retournons vers cet hôtel et nous installons pour la soirée. Comme nous sommes cinq, nous aurons le droit à tout le dernier étage avec deux chambres de trois lits et une terrasse qui donne sur le lac ! La vue est exceptionnelle et les chambres, bien que modestes, sont agréables. On ne pouvait espérer mieux ! Il se fait tard et nous avons faim, nous finissons donc la journée en dégustant une truite du lac dans un petit restau. Heureusement nous sommes arrivés les premiers car il n’y a qu’une cuisinière avec probablement un seul feu et il faut pas mal de patience avant de pouvoir se mettre une truite sous la dent, mais peu importe nous avons le temps et celle-ci est vraiment délicieuse!

 

 

Le lendemain matin, après un bon petit déjeuner, nous entamons la marche qui nous mènera au sud de l’ile. Nous partons du village et montons progressivement pour rejoindre le sentier des crêtes. Là encore les paysages sont fabuleux et nous sommes quasiment seuls sur le chemin. Nous profitons des contrastes liés au relief : crique abritée, replat cultivé, cerro rocailleux... Bref que du bonheur ! Nous arrivons pour le déjeuner à l’entrée de Yumani, le village du sud de l’ile. Nous nous posons dans un restaurant avec une vue extraordinaire sur le lac et re-dégustons des truites ! Pour la petite anecdote, nous mangeons pour la troisième fois dans le même lieu qu’un groupe composé de deux françaises et d’anglophones. L’ile est vraiment petite mais c’est quand même rigolo !

Le ventre plein, nous commençons notre descente vers le port où nous prendrons notre bateau du retour. Nous loupons le site de la fontaine de l’Inca et les plus courageux, arrivés en bas, prennent l’escalier qui remonte jusqu’à cette source d’eau pure utilisée depuis des siècles. Pour se donner du courage, deux statues d’incas encouragent les marcheurs en bas de l’escalier... Il est 16h et après cette merveilleuse escale sur l’ile du Soleil, nous montons dans le bateau qui nous ramène à Copacabana. Le bateau est toujours aussi rapide et nous avons tout le temps d’admirer le lac et les cordillères andines en second plan !

 

 

De retour à Copacabana, l’ambiance a totalement changé. Le petit port touristique tranquille où nous étions arrivés s’est métamorphosé en plage bondée et rues envahies par une foule des pèlerins. Nous sommes vendredi saint et le village est noir de monde. Transition saisissante après le calme de l’Ile du Soleil. Nous rejoignons le van et profitons de la fin de journée pour nous fondre dans la foule et profiter des échoppes qui vendent tissus et babioles d’inspiration andine.

 

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Le flot de pèlerins va rester tout le week-end et nous décidons donc de prendre le large vers des cieux plus paisibles. Nous empruntons la piste qui longe la côte et mène au village de Yamaputi situé au bout d’une presqu’ile. En chemin, nous nous arrêtons pour visiter les iles « semi-flottantes » qui accueillent les touristes et servent des truites on ne peut plus fraiches. Là encore les paysages sont magnifiques !

 

Nous arrivons vers midi au village de Yamaputi et Manu profite d’un tournoi de foot local pour prendre quelques photos. En discutant avec quelques joueurs, il se retrouve enrôlé dans une équipe pour un match qui va suivre. Manque de bol, le repas est prêt et quand il reviendra le ventre plein, le match sera fini. Bon d’un autre côté, c’est peut être mieux car jouer au foot à 4000 m d’altitude sur un terrain aussi plat que les pentes du Machu Picchu, ça aurait peut-être été compliqué !!! Nous nous baladons un peu autour du port et revenons sur nos pas dans l’après-midi.

 

 

Nous ne souhaitons pas retourner dormir dans la foule de Copacabana d’autant plus que les places de stationnement sont quasi introuvables et les chambres d’hôtels toutes réservées. Nous reprenons donc la route vers La Paz en espérant trouver sur le chemin une chambre pour Marie et un lieu de bivouac pour nous. Nous scrutons les bords de route en quête d’un hôtel, demandons aux locaux mais sans succès. Nous finirons par nous arrêter sur une place de village pour dormir. Mais nous sommes samedi soir et il y a pas mal d’hommes en train de boire et d’uriner un peu partout sur la place... Nous continuons donc un peu plus loin pour bivouaquer sur les bords du lac. Première nuit à cinq dans le van car nous n’avons pas trouvé de chambre pour Marie. Et bien nous tenons, un peu serrés, mais sans problème. La nuit sera un peu bruyante car des boliviens viendront en pleine nuit planter leur tente au pied de notre van ! Sûrement pour s’abriter du vent...

 

Nous continuons notre chemin le matin suivant avec pour objectif le principal site archéologique de Bolivie : Tiwanaku. Il s’agit d’un site cérémoniel de la plus grande civilisation ayant colonisé les abords du lac Titicaca avant les Incas. Nous souhaitons éviter de repasser par La Paz et faire l’impasse sur les travaux de la route d’El Alto. Nous optons donc pour une piste qui coupe entre deux routes asphaltées. Sur la carte la piste semble très bonne, dans la réalité elle sera un peu plus compliquée et demandera à Manu un peu de patience pour franchir ornières, pierres, franchissement de rio avec ouvrages pourris ou sans ouvrages ! Au final, nous arrivons pour déjeuner sur le site de Tiwanaku.

 

Nous profitons de l’après-midi pour visiter les musées de la céramique et de la pierre. Le premier expose de nombreuses poteries des différentes époques et civilisations ayant colonisées les lieux. Certaines pièces sont vraiment très raffinées. Le second est constitué de vestiges retrouvés sur le site et notamment de monolithes de grandes tailles. Une pièce est consacrée à une immense statue gravée de la Pachamama qui culmine à plus de 9 m.

 

Nous nous rendons ensuite sur les vestiges archéologiques composés de plusieurs ensembles. Nous montons tout d’abord sur les restes d’une ancienne pyramide qui permet de dominer le site. Petit passage par le temple souterrain dont les murs sont ornés de visages aux formes très diversifiées. Il est dit que ces faces de pierre représentent toutes les races vaincues par le peuple Tiwanaku...

 

Nous arpentons ensuite le temple de Kalasasaya délimité par des murs d’enceintes aux pierres immenses imbriquées les unes avec les autres. Ce temple offre plusieurs monuments intéressants : un mur avec des trous qui font fonction de hauts parleurs (nous avons testé et ça fonctionne), des statues en pierre finement gravées et surtout la fameuse porte du soleil. Nous sommes un peu déçu par cette dernière qui est isolée dans un coin et de dimension modeste mais l’ensemble du temple est sympa. Il en est de même pour la porte de la lune qui est complètement perdue à l’écart du site et présente pour nous un intérêt limité. Nous sommes plus intrigués par la maison en vente de l’autre côté du grillage. Imaginez un mur en ruine avec écrit « maison en vente », ça mériterait de figurer sur le bon coin !

 

La visite se termine sur un autre site où des restes de temples, pierres et autres monuments sont entreposés pèle mêle sans trop de logique. Bon le lieu ne nous a pas transcendé, d’autant plus qu’il n’y a aucune mise en valeur ou panneau explicatif... Sans compter que l’entrée pour un étranger est huit fois plus chère que pour un bolivien ! Mais ça permet quand même d’imaginer ce que devaient être les cérémonies rituelles il y a plus de 1000 ans autour du lac Titicaca.

 

 

La soirée approchant, nous reprenons la route direction La Paz où nous devons retrouver le lendemain après-midi les parents de Manu qui visitent Pérou et Bolivie en voyage organisé. Nous sommes dimanche de Pâques et la circulation se fait de plus en plus dense à l’approche d’El Alto, la banlieue de La Paz. A l’entrée de la ville, la circulation est quasiment bloquée, les « collectivos » se mettent à doubler dans tous les sens, sur le trottoir de droite, puis de gauche, puis ils se doublent même entre eux sur le trottoir !!! Manu reste calme alors que la nuit et la pluie commencent à tomber... Avec en plus les routes coupées pour cause de travaux, nous mettrons 1h30 à parcourir les 15 derniers kilomètres. Nous finissons par arriver au parking de l’aéroport pour une nuit de sommeil bien méritée !

 

Le lendemain matin, nous retournons avec Marie dans le centre de La Paz. Cette fois-ci nous empruntons les téléphériques qui offrent une vue d’ensemble sur La Paz et les montagnes enneigées : impressionnant ! Petite promenade dans le quartier du Casco Viejo pour compléter les emplettes commencées à Copacabana. Nous sommes impatients de retrouver les parents de Manu. Nous  les retrouverons à leur arrivée à l’hôtel en plein centre de La Paz. Joie des retrouvailles ! Nous leur laissons le temps de manger un morceau avant de passer l’après-midi ensemble. Sept mois que nous ne nous étions pas vus, ça fait un drôle d’effet ! Et nous voilà partis non plus à quatre, ni à cinq mais à sept dans les rues de La Paz. Nous prenons la direction de la place de la cathédrale puis de la calle Jaen, rue qui accueille plusieurs musées a priori sympas. Nous profitons de la balade pour discuter, les enfants sont super contents de revoir leurs grands-parents !

 

Arrivés à la calle Jaen, nous apprenons que trois des quatre musées sont fermés. Nous demandons pourquoi mais personne ne nous donne d’indication très claire... Vive la Bolivie ! Nous décidons de boire un verre et finissons par entrer dans le seul musée ouvert, celui des instruments de musique. Nous avons bien fait car le musée est génial. Il présente une grande diversité d’instruments avec quelques pièces assez loufoques comme une guitare à cinq manches ou les traditionnels charangos à caisse en carapace de tatou. Et pour faire plaisir à Auria, même dans un musée sur la musique, ils ont réussi à placer une tête de mort !!!

 

Nous continuons la promenade vers le marché aux sorcières. Il ne s’agit pas vraiment d’un marché mais plutôt d’échoppes de rues qui vendent tout le nécessaire pour les cérémonies : fœtus de lama, herbes médicinales, amulettes... Petit passage obligé par les rues commerçantes fourmillant d’artisanat plus ou moins local et nous finissons la soirée dans une pizzeria. Nous aurons tout le loisir de discuter car nous sommes les seuls clients et la personne qui nous accueille est, de son côté également, seule pour faire la cuisine et le service ! Nous profitons de ces moments partagés en famille avant de retourner en taxi jusqu’à notre parking d’aéroport.

 

Nous retrouverons les parents de Manu dans une quinzaine de jours à Cuzco pour une escapade de quatre jours en Amazonie. Nous raccompagnons également Marie à l’aéroport car son avion de retour pour la France repart tôt le lendemain matin... Ce fut court mais ça fait du bien de revoir la famille après ces sept mois de vadrouille !

 

 

Le lendemain, nous sommes le 29 mars et c’est mon anniversaire ! Comme nous ne souhaitons pas rester un jour de plus dans l’agglomération de La Paz, nous retraversons une nouvelle fois El Alto et ses travaux pour nous diriger vers la frontière péruvienne. Ce n’est pas la journée d’anniversaire rêvée mais ce sont aussi les aléas du voyage ! Nous trouverons bien une autre fois l’occasion de fêter mes... combien déjà ? Oups, j’ai oublié !!!


07/04/2016
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Autour de Cochabamba et Oruro

Après avoir quittés Sucre, nous prenons la route qui mène vers Cochabamba distant de près de 300 km. Les distances en Bolivie ne doivent pas se calculer comme en France. Ici 300 km ce ne sont pas 3 ou 4 heures mais plutôt 6 ou 8 heures si la route est bonne. Et comme la route est rarement bonne... Nous prenons notre temps et notre trajet a un goût de retour dans le passé. Nous parcourons le centre rural de la Bolivie avec ses petites fermes en adobe entourées de quelques champs et de petits troupeaux de chèvres, moutons ou vaches. Pour conserver nos références à Zola, autant les mines de Potosi nous rappelaient « Germinal », autant la campagne bolivienne nous rappelle « La Terre ». Là encore, la sensation d’être revenu un siècle en arrière est omniprésente.

 

Le travail des champs s’effectue sur de petites parcelles en pente, à la main ou au mieux aidé d’un âne ou d’un bœuf. On est vraiment dans l’agriculture de subsistance et la vie semble très rude. Les expressions des personnes croisées rappellent certains regards de paysans de nos campagnes un peu reculées... Et forcément, comme on dit chez nous, nous avons à faire à des taiseux ! Difficile d’engager une conversation, car les personnes ne nous répondent parfois même pas. Peut-être ne parlent-ils que Quechua ou Aymara mais ça fait un peu bizarre, on ne se sent pas toujours les bienvenus. Entre notre espagnol rudimentaire et leur prononciation parfois difficile à comprendre (tout dépend du nombre de dents restantes...), pas facile d’échanger !

 

En tout cas la route continue d’être jolie. Après un trajet sur route asphaltée, nous arrivons sur une partie qui pourrait s’apparenter à un mixte entre Paris-Roubaix et une étape de montagne du tour de France. Sur 70 km, nous roulons sur des pavés qui serpentent dans la montagne... Et pas une route qui part à gauche ou à droite. Nous sommes au centre du massif montagneux bolivien, un peu au milieu de nulle part. Difficile de trouver un bivouac, d’autant plus que les bas-côtés sont très humides en cette saison. Nous comptons un peu sur le village de Totora pour nous accueillir. Mais déception, celui-ci est constitué de rues pavées très en pentes et particulièrement étroites. Pas sûr de pouvoir ressortir si nous nous engouffrons dans une des ruelles ! On finira par trouver un bas-côté un peu plus sec pour la nuit, pas terrible comme bivouac mais ça dépanne.  

 

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Le lendemain nous prenons le chemin d’un ancien site Inca, les ruines d’Incallajta (construites par l’empereur Tupac Yupanqui). Elles sont décrites dans le guide comme le pendant bolivien du Macchu Picchu, ça donne envie... Après 20 km de piste pavée en colimasson, quelques franchissements de rios et une dizaine d’élevage de poulets, nous arrivons à l’entrée du site. Une femme bolivienne qui semble tout droit sortie du champ voisin nous accueille, enfin façon de parler. Car pas un mot à part le prix de l’entrée et nous comprenons vite qu’il ne vaut mieux pas trop poser de questions.

 

Nous partons à pied visiter les ruines et là encore c’est un peu la déception. Un vague chemin est tracé au milieu de la végétation et de temps en temps quelques murs en ruine émergent des plantes qui ont colonisé le site. Quelques panneaux expliquent sommairement ce que nous voyons, mais parfois nous ne pouvons même pas voir l’élément décrit tellement la végétation a poussé... Il y a quelques photos qui représentent les ruines suite aux fouilles, et avant le retour de la végétation. A cette époque ça devait être plus sympa. Nous pouvons quand même admirer les murs de le Kallanka, grand bâtiment centrale couvert de près de 80 m de long ! Il s’agissait sûrement d’un site très important au temps des incas mais il ne fait pas vraiment l’objet d’une mise en valeur à la hauteur de son statut, dommage... Et comme nous faisons une partie de la visite sous la pluie, cela n’arrange rien !

 

 

Avant de repartir, nous sommes confrontés à un dilemme : aller directement sur Cochabamba ou tenter une excursion aux abords de l’Amazonie toute proche... Depuis quelques jours, nos visites concernent essentiellement des villes et nous avons besoin de nature. Nous optons donc pour l’Amazonie et le secteur de Villa Tunari. Nous reprenons la route, asphaltée cette fois, et montons progressivement jusqu’à 3700 m d’altitude. Nous sommes à 100 km de Villa Tunari, qui se situe à 300 m d’altitude, soit 3400 m plus bas ! La pluie commence à tomber et nous pénétrons dans un brouillard digne d’une matinée d’automne en centre Bretagne. Nous venons de rejoindre la route Cochabamba-Santa Cruz qui est blindée de camions ultra chargés, de bus et de camionnettes-taxi...

 

Et là débute l’enfer pour Manu ! Imaginer une route qui serpente dans la montagne, la pluie, le brouillard, des camions qui roulent à 10 km/h, des bus et camionnettes qui doublent en pleine épingle à cheveux des files de camions sans même voir la cabine du camion qui est juste devant. Vous situez ? Attendez ce n’est pas fini ! La route est annoncée asphaltée mais tous les kilomètres nous traversons des zones « géologiquement instables ». Sur ces secteurs l’asphalte disparaît pour laisser place au mieux à un revêtement pavé défoncé, au pire à de la boue ou des coulées de pierres qu’il faut franchir en première... Bref que du bonheur. Nous croisons camions en panne, voiture en surchauffe, voiture restée tankée au milieu d’un éboulement de pierre, camion chargé renversé sur la chaussée tellement celle-ci est défoncée... La nuit tombant et la pluie redoublant d’intensité, nous décidons de nous arrêter pour dormir sur un bas-côté devant des échoppes vendant une nourriture plus que douteuse.

 

Le lendemain matin, nous finissons la descente en comptant que nous aurons parcourus les 70 km les plus difficiles en près de 4h. Manu se fait petit à petit à la conduite bolivienne et se permet parfois également quelques dépassements de file de camions sans trop de visibilité, mais bon c’est toujours passé sans problème !

 

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Nous arrivons à Villa Tunari pour manger le midi et nous nous posons sur la place centrale de la ville. Le temps s’est éclaircit mais partout le sol est gorgé d’eau. Comme nous sommes un peu en retard sur l’école pour cette semaine, nous décidons de faire cours l’après-midi. Petite balade dans la ville en fin de journée et nous rentrons nous mettre à l‘abri car le ciel menace. Peu de temps après un orage se déclare, il durera toute la nuit avec un tonnerre assourdissant et des pluies diluviennes interminables ! Au matin, impossible de sortir et nous décidons de flemmarder dans le van en attendant que cela se calme. Nous avons repérer quelques parcs à visiter, et sommes bien décidés à sortir quand Le temps se sera calmé. En début d’après-midi, l’eau s’arrête de tomber et nous partons pour le parc municipal de Machiaca qui accueille des animaux blessés de la forêt équatoriale. Tout est inondé de partout, les rios charrient une eau marron et nous apprenons que le parc est fermé à cause des pluies.

 

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A ce moment-là notre moral est au plus bas... Nous sommes enfermés à cause de la route et de la pluie depuis quelques temps et nous commençons à devenir un peu pessimistes, d’autant que le ciel n’est pas magnifique. Attendre le lendemain, avec le risque que les pluies reprennent dans la soirée ? Finalement, nous nous résignons un peu, nous sommes en Amazonie en pleine saison des pluies, il ne fallait pas trop s’attendre à autre chose. Nous reprenons donc la route préférée de Manu dans le sens de la montée cette fois-ci pour rejoindre Cochabamba dont le climat est réputé plus clément. Rebelote sur la route, avec en plus cette fois la difficulté de doubler en montée ! Une fois rendu en haut Manu est épuisé mais soulagé...

 

Jusqu’à maintenant nous avons eu de la chance avec les pleins d’essence. Nous avons toujours trouvé une station acceptant de remplir notre réservoir soit au prix officiel pour les étrangers (2,8 fois plus cher que pour les boliviens), soit à un prix un peu moindre s’ils acceptaient de ne pas faire de facture. Et bien la chance va tourner. Nous nous arrêterons dans cinq stations-services avant de rejoindre Cochabamba et aucune ne voudra nous vendre du gazole... Certains refusent avec mépris et d’autres sont véritablement désolés de ne pouvoir le faire mais ils n’ont pas le droit et sont filmés !

 

Nous arrivons en fin de soirée dans la grande ville de Cochabamba, et nous nous dirigeons vers le quartier riche pour trouver un endroit où dormir. Le jour suivant est dédié à la visite de la ville. Nous souhaitons commencer par le couvent Santa Teresa, l’un des plus vieux bâtiments de la ville. Mais contrairement à ce qu’annonçaient nos guides la visite n’a lieu que l’après-midi. Qu’à cela ne tienne, nous continuons nos déambulations vers le grand marché de la ville. En fait nous n’arriverons pas à l’atteindre car les rues qui y mènent sont déjà remplies d’échoppes et étales en tout genre où nous trouvons quelques bricoles dont nous avions besoin. Et assez rapidement les loulous saturent de cette foule compacte et animée. Nous les comprenons et retournons vers la place et l’avenue centrale pour nous restaurer et trouver une connexion wifi.

 

 

En début d’après-midi, nous retournons au couvent pour la visite. Le bâtiment est en restauration et une partie de celui-ci est fermée au public. Malgré cela, la visite est très intéressante. Le couvent accueillait les filles de familles riches qui payaient une fortune pour inscrire leur enfant. Les sœurs vivaient recluses, complètement fermées du monde extérieur. Des tourniquets opaques permettaient d’échanger des biens avec l’extérieur. Chaque sœur avait le droit de parler une heure par jour avec ses camarades, pas plus. Une visite par mois était autorisée pour la famille mais le parloir (pire qu’une prison) était totalement opaque et les personnes ne pouvaient ni se voir, ni se toucher... Sans compter qu’une autre sœur était chargée d’écouter la conversation et de la rapporter à la mère supérieure ! Ah j’allais oublier, nous avons eu le droit à la visite d’une cellule et au listing des affaires personnelles des sœurs. Intéressant tous ces ustensiles pour se flageller !

 

Tout comme Youenn ne se voyait pas mineur à Potosi, Auria n’a pas souhaité embrasser la vocation de sœur recluse. Dommage car il en reste six dans le couvent. Les règles se sont un peu assouplies mais ça ne fait pas trop rêver quand même ! En tout cas le bâtiment vaut le coup. Les parties restaurées sont vraiment superbes. Désolé nous n’avons de photos car il fallait payer un supplément non négligeable pour avoir le droit d’en prendre...

 

Cette visite nous a revigorés et nous décidons d’enchainer avec celle du Palacio Portales, demeure d’un riche bolivien ancien magnat de l’étain. Nous apprenons en plus qu’une visite en français est possible si nous attendons un petit peu. Nous en profitons pour faire le tour des jardins et admirer les bâtiments de l’extérieur. Un véritable manoir à l’européenne au milieu d’une ville bolivienne. Simon Patino, qui a fait construire le palace, était un homme excessivement riche qui a vécu une partie de sa vie en Europe pour faire des affaires. Il a décidé de faire construire cette demeure pour ses vieux jours en amalgamant les styles des différents pays européens où il est passé. Bon la petite histoire veut qu’il soit mort à son retour d’Europe à Buenos Aires et qu’il n’ait finalement jamais pu profiter de ce joyau...

 

Dommage pour lui car la maison est somptueuse. Certes, il faut aimer les mélanges de styles car se côtoient des salons « empire », une salle de jeux persane tout droit sortie des contes des mille et une nuits, une salle de balle moitié renaissance moitié italienne avec des décors copiés à partir des peintures du vatican... Auria est tombée sous le charme ! Dommage que les photos soient interdites à l’intérieur. En tout cas, ce palace nous a beaucoup plu. De là à dire que nous avons pris des idées pour la déco de la maison...

 

 

Après une matinée d’école, nous nous rendons dans un parc municipal à la périphérie de Cochabamba. Nous avons envie de plein air et ce lieu est parfait : jeux pour enfants, espaces engazonnés et même une piscine dans laquelle Youenn, Auria et Manu s’empressent de plonger ! Après-midi détente donc, avant de sortir de Cochabamba pour rejoindre un autre lieu nature, l’éco-parc de Tumari. Nous rentrons dans le parc, nous nous stationnons, je sors à peine fumer une cigarette et là je vois quelqu’un qui me fonce dessus en criant « je savais bien que je te retrouverai !!! ». Les Janco !!! On s’était dit que peut être nous nous reverrions en Bolivie mais alors là on ne s’y attendait pas ! Le hasard fait vraiment bien les choses des fois !

 

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Du coup nous faisons connaissance des parents de Nigel qui ont rejoint la petite famille et passons la soirée ensemble. Le lendemain, les Jancos repartent car ils ont un planning serré pour rejoindre Sucre. De notre côté nous profitons de la journée pour prendre l’air et nous balader dans le parc. Promenade jusqu’à une cascade avec pas mal de monde en ce dimanche. Bikers et policiers se côtoient même dans ce lieu une peu à l’écart de la ville... Le chemin est un peu escarpé sur la fin pour descendre au rio mais rien de tel qu’un peu d’escalade pour se dégourdir les jambes ! Et puis la vue sur l’agglomération de Cochabamba est sympa. De retour au van, nous décidons de rester une nuit de plus car nous sommes plutôt pas mal installés...

 

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Le lendemain, après une matinée d’école, nous prenons la route pour Oruro. Avant de rejoindre la ville, nous faisons escale aux termes d’Obrajes. Nous sommes perdus au pied des montagnes et le ciel se noircit progressivement au-dessus de nos têtes. Qu’à cela ne tienne, nous avons très envie de profiter de la piscine d’eau chaude naturelle et avons prévu de bivouaquer sur le parking des termes le soir. Le temps de se changer, de piquer une tête et les premiers grondements retentissent ! Nous nous réfugions rapidement à l’abri pour évider de rester dans l’eau avec la foudre qui tombe tout prêt. Une petite heure d’éclairs, tonnerres et pluies diluviennes puis nous pouvons retourner dans l’eau ! Bien agréable cette piscine, au début nous étions seuls mais progressivement des boliviens arrivent. A noter que les femmes se baignent quasiment toute habillée. Par pudeur ? Les termes sont censés fermer à 18h30 mais une heure avant, ils commencent à vider la piscine. Etonnant de voir les boliviens qui restent dans l’eau alors qu’un des agents des termes est en train de laver le fond de la piscine.

 

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Le lendemain, les loulous profiteront des jeux situés sur le parking des termes avant de partir pour Oruro. Nous n’avons pas prévu de nous arrêter longtemps dans la ville qui est réputée sale et bondée. Et ça commence bien car, dès l’entrée de la ville, nous sommes bloqués par une manifestation d’habitants. Il y a eu pas mal d’inondations dans le coin et la ville est entourée d’eau. Quand un camion arrive avec une pelleteuse, la manifestation s’arrête. Nous supposons qu’ils demandaient des travaux pour construire une digue mais rien de bien sûr ! Après leur gouverneur s’appelle Victor Hugo, alors pas étonnant que l’on ait parfois l’impression d’être au 19ème siècle en Bolivie !!!

 

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La ville d’Oruro est effectivement très poussiéreuse et assez animée. Après avoir fait le plein d’essence sans souci, nous traversons la ville en direction de la frontière chilienne. Nous ferons une partie des 250 km qui nous sépare du Chili dans la soirée et le reste le lendemain matin. La route n’est pas exceptionnelle mais nous traversons quelques paysages qui méritent des photos... Alors on vous en fait profiter !

 

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06/03/2016
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Du côté de Potosi et Sucre

Notre trajet en Bolivie nous amène à la ville de Potosi le 16 février. Potosi est mondialement connu pour son Cerro Rico (« montagne riche »). Découvert à la fin du 16ème siècle par les espagnols, celui-ci est une véritable montagne d’argent aux deux sens du terme. Les espagnols ont très vite exploité les filons d’argent qui serpentent dans la montagne à travers la construction de nombreuses mines. On raconte qu’aux alentours de 1650, Potosi était une des villes les plus grandes et les plus riches au monde ! L’argent coulait à flot et toutes les extravagances étaient possibles. Le minerai d’argent extrait du  cerro était fondu sur place et envoyé vers l’Europe via les ports du Chili ou de l’Argentine. La fortune de la couronne d’Espagne reposait alors beaucoup sur les ressources de Potosi. La légende veut qu’avec l’argent extrait du Cerro Rico on aurait pu construire un pont reliant Potosi à l’Espagne ! Les conditions de travail ont toujours été abominables dans les mines et certaines estimations parlent de près de 8 millions de morts en un peu moins de 500 ans... Là encore, la légende dit que l’on aurait pu faire un pont retour de l’Espagne à Potosi avec les os des esclaves morts dans les divers travaux liés à l’exploitation de l’argent ! Aujourd’hui, les mines sont encore exploitées et les conditions de travail restent plus que précaires.

 

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Le décor étant planté, vous comprendrez que la ville se caractérise par une histoire très riche et un corporatisme minier omniprésent. Potosi est construit sur les versants des montagnes environnant le Cerro Rico, il est bien difficile d’y circuler en van et encore plus de trouver un endroit pour bivouaquer... Après être passés dans diverses ruelles pavées étroites et pentues, nous finissons par trouver un lieu convenable.

 

Le centre-ville n’est pas très grand mais présente quelques ruelles et monuments sympatiques. Nous commençons par faire un rapide tour de l’architecture locale : églises, cathédrale, casa de la Moneda, mercado central... Nous profitons également de cette promenade pour réserver une visite des mines pour le lendemain. Nous passons par l’agence « Greengo » qui nous a été recommandée. Elle est tenue par un ancien mineur qui souhaite non seulement faire connaître le travail de la mine mais également tout le contexte social, économique et politique qui en découle.

 

Ce dernier point n’est pas anecdotique car nous sommes à quelques jours d’un referendum crucial en Bolivie pour savoir si l’actuel président (Evo Morales), au pouvoir depuis 10 ans, peut changer la constitution afin de rester 10 ans de plus à la tête de la Bolivie... Autant dire que les débats politiques vont bon train avec les partisans du « SI » et ceux du « NO » qui se battent à coup de tags sur tout matériaux solides disponibles : rochers, murs, poteaux, voitures, manteaux... Autant dans le sud de la Bolivie, il nous a semblé que le « SI » l’emportait, autant ici à Potosi, le « NO » est clairement plus marqué.

 

 

Le lendemain matin, rendez-vous à 9h pour visiter une des mines du Cerro Rico. Celles-ci sont encore en activité et potentiellement dangereuses. Impossible de s’y rendre seul et il est conseillé de bien choisir son guide. Le Cerro Rico appartient à l’Etat bolivien qui loue des concessions à des coopératives de mineurs. Une mine = une coopérative, il y en a 21 en tout. Julio notre guide nous semble être quelqu’un de confiance et il s’agit par ailleurs d’un activiste politique clairement engagé pour le « NO ».

 

Nous prenons donc la route vers la mine en commençant par une halte afin d’enfiler la tenue nécessaire. Nous avons l’air de zouaves dans ces vêtements datant d’un autre siècle... Mais ça met dans le contexte ! Ensuite, arrêt au marché proche des mines pour acheter quelques cadeaux aux mineurs que nous allons rencontrer. Ils nous laissent visiter leur lieu de travail, il est bien normal qu’en échange nous offrions quelques présents. D’autant plus que leur niveau de vie est très peu élevé et toute aide est la bienvenue. Nous achetons donc feuilles de coca, bouteilles de soda et... bâtons de dynamite ! Et oui, autant acheter utile, même si ça fait un peu bizarre de se balader dans la mine avec des bâtons de dynamite dans le sac !!!

 

Arrivés à la mine, nous sommes rapidement mis dans le bain car plusieurs chariots chargés de roches récemment extraites sortent à toute vitesse poussés par des mineurs en bout de course. La masse est telle que les wagonnets ne peuvent s’arrêter qu’en percutant d’autres chariots. Et comme l’entrée est très peu large et très peu haute, nous comprenons vite qu’il va falloir faire attention... Auria est très impressionnée par cette entrée en matière et commence à angoisser. Elle fait 50 m dans la mine et ressort car vraiment pas à l’aise. Je resterai avec elle dehors pendant que Youenn et Manu feront la visite.

 

L’intérieur de la mine est assez impressionnant : nous sommes à 4200 m d’altitude dans un tunnel principal d’environ 1,6 m de haut et de large inondé pour éviter la formation de poussière. Pas évident de bien respirer dans ces conditions, d’autant plus qu’il faut marcher courbé et vite pour passer avant les chariots susceptibles d’arriver droits sur nous. Julio notre guide et ancien mineur maîtrise parfaitement le fonctionnement de la mine et nous lui faisons entièrement confiance. Pendant 1h30, Manu et Youenn vont déambuler dans les différents tunnels, discuter avec des mineurs en plein travail et rencontrer « El Tio » le dieu des profondeurs. Ils iront même jusqu’à piocher et pelleter un peu pour éprouver la difficulté de ce travail dans les conditions de la mine. Youenn se débrouillera très bien et un des mineurs lui confiera que lui a commencé à la mine à l’âge de 13 ans... Bizarrement tout d’un coup l’histoire géo paraît beaucoup moins barbante à Youenn qui se fera une joie de retrouver les cours le lendemain matin !!! Le travail des mineurs est vraiment difficile et les références à Germinal ne sont pas usurpées...

 

Nous comprendrons notamment que les mineurs en veulent beaucoup à l’Etat bolivien qui est propriétaire du cerro et ne fait rien pour améliorer leurs conditions de travail, d’où le « No » massif au referendum dans la ville de Potosi...

 

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Après cette visite impressionnante mais également éprouvante, nous profitons de notre après-midi pour visiter le couvent de San Francisco, le plus ancien de la ville. La visite guidée est assez rapide et centrée sur des tableaux d’art religieux qui nous intéressent assez peu. En revanche le bâtiment est assez joli et nous finissons par l’ascension d’une tour qui surplombe le couvent. Elle offre une vue imprenable sur le Cerro Rico et la ville de Potosi : magnifique !

 

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Le lendemain, nous continuons notre découverte de la ville avec la visite de son monument emblématique, la casa de la Moneda. C’est dans ce bâtiment que l’argent extrait du Cerro Rico était transformé en monnaie. La visite est extrêmement intéressante et nous découvrons les différentes manières de frapper la monnaie au fil du temps. Initialement les pièces étaient réalisées en argent pur mais celui-ci étant un peu mou, les gens avait tendance à arracher des petits bouts des pièces au fur et à mesure pour en couler de nouvelles. Du coup les pièces rondes étaient progressivement grignotées et ne ressemblaient plus à de la monnaie ! C’est pourquoi l’argent pur a progressivement laissé la place à des alliages plus résistants.

 

La fabrication de la monnaie nécessitaient de fondre l’argent et de le rendre pur grâce à l’utilisation du mercure. Des esclaves étaient dédiés à cette tâche et leur espérance de vie n’excédait pas quelques mois. Le mercure les rendait progressivement aveugles, ils perdaient dents et cheveux avant de mourir... Des machines tirées par des ânes permettaient ensuite d’aplatir l’argent fondu en plaquette puis de découper les pièces qui finissaient par être frappées. Comme tout était fait manuellement, cela prenait un temps fou ! Plus tard différentes machines ont été inventées pour automatiser progressivement ce travail.

 

Une importante collection de pièces nous a également permis de découvrir les premières monnaies frappées suite à l’indépendance de la Bolivie (visage de Simon Bolivar) ou de l’Argentine. Dans ce bâtiment immense organisé pour partir du minerai brut et arriver à la pièce finalisée, cette collection prend une dimension historique très impressionnante. C’est ici que ces pièces ont été frappées !

 

La Casa de la Moneda présente enfin quelques tableaux célèbres de Bolivie comme « la Vierge au Cerro » et un portrait d’Antonio Lopes De Quiroga, un espagnol propriétaire de mine au 16ème siècle et considéré alors comme l’homme le plus riche du monde ! Autre particularité, une tête ressemblant Dionysos accrochée au-dessus de l’entrée du bâtiment. Œuvre d’un français, personne n’est capable avec certitude de lui attribuer une signification mais elle est devenue l’un des emblèmes de la ville.

 

 

Après cette escale dans le monde de la mine et de l’argent, nous prenons la route pour la plus belle ville de Bolivie : Sucre. La route serpente dans les montagnes du centre de la Bolivie et nous longeons des rios gonflés par les pluies des derniers jours. Et oui, le temps n’est pas exceptionnel à cette période en Bolivie... Les paysages sont parfois assez spectaculaires avec des surprises de temps en temps. C’est notamment le cas de ce pont piétonnier doté d’une architecture digne d’un château. Il marque le passage d’un département à un autre et enjambe un rio sur plusieurs centaines de mètres au milieu de nulle part !

 

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Nous avions eu du mal à trouver un lieu de bivouac sur Potosi mais sur Sucre pas de problème, nous nous installons dans une petite impasse pavée non loin du centre-ville. Après quelques courses, première soirée sous un énorme orage et nous restons tranquillement dans le van. Au matin suivant, le ciel s’est partiellement dégagé et nous partons faire un premier tour dans la ville. Les bâtiments coloniaux dotés de murs blancs donnent une teinte particulière à Sucre. Il est vraiment agréable de déambuler dans les rues et de découvrir les monuments au fil de notre cheminement. Les tenues vestimentaires et le mode de vie sont beaucoup plus européanisés ici et nous trouvons un peu plus nos repaires que dans les autres villes boliviennes. Il reste bien heureusement des marchés et des boliviennes en habit traditionnel !

 

 

Notre première visite a lieu sur la place principale, dans le bâtiment historique de la ville, le cabildo. Celui-ci a été transformé en musée de l’histoire de la Bolivie. L’inpendance bolivienne est grosso modo attribuée à deux hommes : le général Sucre (bolivien) et le révolutionnaire Simon Bolivar (vénézuelien). Le musée s’attache à retracer l’indépendance du pays à travers la vie de ces deux hommes. Il dispose de documents historiques originaux comme l’acte de l’indépendance conclu avec les espagnols dans la ville de Sucre. Le bâtiment est agréable et nous parcourons les différentes salles afin d’améliorer un peu notre connaissance de l’histoire du pays. Deux salles présentent les portraits de tous les présidents de l’histoire de la Bolivie (dont Evo Morales bien sûr !). Un buste géant de Simon Bolivar trône sur un promontoire de l’une de ces salles. Une autre pièce richement décorée servait d’assemblée à la Bolivie nouvellement indépendante et de grandes figures historiques de l’Amérique du Sud sont passées dans ces lieux chargés d’histoire.

 

 

Ensuite direction le parc Bolivar pour que Youenn et Auria puissent se défouler un peu. Cela fait quelques jours que nous visitons des villes et que le temps très instable les empêche de sortir dehors quand ils le souhaitent. Le parc est très sympa avec un secteur aménagé pour les enfants sous le thème des dinosaures. Quelques tours de toboggans diplodocus plus tard et nous allons voir une « réplique » de la Tour Eiffel qui trône au milieu du parc. Bon rien d’exceptionnel mais elle témoigne de la mode européenne qui a régné ici pendant assez longtemps. Nous continuons nos pérégrinations dans le marché central de Sucre. On trouve tous les fruits et légumes possibles. De la viande aussi, mais en l’absence de chaîne du froid, largement remplacée par des nuées de mouches, nous préférons nous abstenir !

 

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Petite visite du musée des arts indigènes. Interdit de prendre des photos, ce qui est bien dommage car il offre une collection de tissus brodés d’une finesse et d’une beauté incroyable. Nous en apprenons également un peu plus sur les coutumes des communautés locales en termes de vêtements, musique... Le musée est situé sur les hauts de la ville et à sa sortie nous trouvons un point de vue qui offre un panorama spectaculaire sur l’ensemble de Sucre.

 

Nous sommes samedi, et nous espérons bien quitter la ville le lendemain pour rejoindre le marché du village de Tarabucco réputé pour ses textiles traditionnels. Nous allons nous renseigner sur l’état des routes et l’ampleur du marché dominical au regard des élections qui ont lieu en ce dimanche 21 février. Et là surprise ! Non seulement nous apprenons que le marché n’aura pas lieu, mais on nous explique que les jours d’élection, seuls les véhicules autorisés ont le droit de circuler !!! Nous serons donc bloqués tout le dimanche sur Sucre...

 

Nous profitons de cet imprévu pour faire une grâce mat’ et un lavage complet du van. Petite balade dans le centre histoire de prendre connaissance de l’ambiance un jour d’élection en Bolivie. Et bien sans voiture, la ville est très calme et tout le monde en profite pour sortir les vélos ! Les lieux de vote sont ultra protégés avec des militaires un peu partout autour. Nous recroisons par hasard le couple de français déjà croisés à Lago Pozuelos et Tupiza. Echange d’impressions et d’anecdotes avant de retourner tranquillement finir la journée dans le van à planifier les jours suivants. En soirée nous apprendrons que le « NO » a gagné et qu’Evo Morales ne pourra donc pas prétendre à un nouveau mandat de 10 ans (au lieu de 5 ans prévus par la constitution). Quelque part heureusement sinon ça commençait à avoir l’air d’une dictature...

 

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Le lundi matin, nous pouvons enfin reprendre la route et sortons de Sucre en direction de Cochabamba. Nous ne savons pas trop à quoi ressemblera la route/piste mais bon... Petite escale en sortie de ville pour observer furtivement des empreintes de grands dinosaures visibles sur le front de taille d’une ancienne carrière. Difficile d’approcher car le lieu est fermé et gardé par un dinosaure géant ! Et route vers l’est pour de nouvelles aventures...

 

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Nous souhaitions terminer cet article avec une dédicace spéciale à Benjamin qui serait le roi du pétrole ici en Bolivie puisqu’il pourrait s’adonner à deux de ses activités favorites : le foot et la pêche.

 

La Bolivie dispose d’un sous-sol très riche exploité par des sociétés privées qui redonne bien peu à la population. Sauf... en terrains de foot. A la sortie de Sucre nous traversons pleins de petits hameaux distants d’environ un ou deux kilomètre chacun. Les ruelles sont en terre et défoncées, les maisons en adobe et proches de la ruine. Par contre chaque hameau a son terrain de foot synthétique tout neuf qui ferait pâlir tous les dirigeants de clubs de foot français. Payés par les grosses entreprises de mines ou de cimenteries locales, ils sont magnifiques. Par contre nous n’avons pas vu un joueur de foot sur ces terrains, au mieux ils étaient utilisés pour faire sécher des récoltes agricoles !

 

Et que dire de la pêche... Pas de « catch and release » ici, les méthodes sont visiblement plus directes et liées aux activités de la région. Enfin ça change puisqu’à présent la pêche à la dynamite semble interdite !!! Déformation professionnelle des mineurs du coin j’imagine !

 

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05/03/2016
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Tupiza, sud Lipez et Uyuni

Une fois la frontière passée, nous nous retrouvons enfin en Bolivie dans la ville de Villazon. Sensation un peu étrange car nous ne savons pas trop à quoi nous attendre dans ce pays pour lequel les avis sont partagés : soit on aime, soit on passe sa route. Notre première impression est liée à la vie qui se dégage des rues. Nous sommes le 7 février, dimanche soir de carnaval, et les rues sont bondées d’échoppes et de passants. Rien à voir avec la ville argentine de Laquiaca de l’autre côté du rio qui était beaucoup plus calme. Il commence à être tard et nous n’avons pas mangé, nous trouvons une rue en limite du centre pour nous stationné. Manu va retirer de l’argent et chercher à manger dans une des innombrables échoppes de rue qui propose à manger pour trois fois rien. Il aperçoit quelques bribes du carnaval derrière des échafaudages de bois qui relève du bricolage ! Grosse ambiance ! Mais nous sommes crevés et Auria est un peu intimidée par le monde et le bruit (beaucoup de pétards). Nous restons donc au calme dans le van.

 

Le lendemain, nous profitons des centaines de commerces de la ville pour faire des courses. Impressionnant ! Nous pouvons tout trouver à des prix dérisoires (et probablement la qualité qui va avec)... Les échoppes regorgent de contrefaçons chinoises et les marchés sont pleins de fruits et légumes. Auria aperçoit même au coin d’une rue des vêtements exposés sur des mannequins Monster High !

 

Une fois notre bonheur trouvé, nous prenons la route de Tupiza au départ de la laquelle nous souhaitons découvrir le sud Lipez. La route est asphaltée et serpente au milieu de zones arides puis d’une vallée fertile. Progressivement le vert domine et les champs de maïs se font de plus en plus nombreux. Nous passons également dans des zones de canyons et notamment au niveau d’un passage très étroit nommé « El Angosto ». Nous arrivons à Tupiza dans l’après-midi. Rapide tour dans la ville pour trouver un opérateur nous permettant de réaliser le tour dans le sud Lipez et le salar d’Uyuni. Nous trouvons assez facilement et rentrons sans tarder au van car le ciel menace. Effectivement quelques minutes plus tard, un violent orage s’abat sur la ville et les rues se transforment en torrent ! Nous savions que la météo serait un facteur important lors de notre séjour en Bolivie car nous sommes en saison des pluies. Mais là nous sommes servis !

 

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Le lendemain matin, nous nous rendons à 8h au point de rendez-vous pour garer le van dans la cour d’un hôtel et commencer notre périple de quatre jours dans le sud Lipez et le salar d’Uyuni. Nous rencontrons Mauricio, notre chauffeur, et Irma, notre cuisinière. Premier contact très sympa et nous embarquons dans le 4x4 Toyota Land Cruiser. Nous nous étions posés la question de réaliser cette expédition seuls (ou avec les Mollalpagas pour la partie sud Lipez). Les premiers kilomètres nous montrent que nous avons eu raison de passer par une agence en cette saison. Dès la sortie de la ville, la route traverse un rio sans le moindre aménagement et ce n’est qu’un début ! Nous montons progressivement sur une piste coincée entre montagne et précipice pour atteindre le site d’El Sillar. Celui-ci offre une vue magnifique sur la quebrada de Palala et ses reliefs sculptés par l’érosion.

 

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Nous continuons notre ascension à une vitesse d’escargot car la route sinueuse a été rendue très glissante par les pluies de la nuit précédente. Mauricio passe régulièrement en mode 4x4 pour franchir les petits rios qui traversent la piste ou gravir les secteurs plus pentus. Le paysage est très beau mais le ciel est bien noir... De temps en temps nous traversons une averse qui rend la piste compliquée ! Et arrive ce qui devait arriver, la voiture qui part de temps en temps en crabe se retrouve tanquée en travers sur la piste. Les roues patines et malgré le mode 4x4, impossible de sortir de ce bourbier. Nous voyons sortir Mauricio, très flegmatique, et pensons tout de suite qu’il est parti chercher des plaques de désensablage ou un autre équipement similaire. Que nenni ! Nous le voyons commencer à arracher des touffes de graminées et les glisser sous les roues !!! Irma sort de la voiture pour l’aider et Manu fait de même. Après plusieurs essais sans succès, Manu et Irma se mettent derrière la voiture pour pousser et au bout d’une petite demi-heure, la voiture arrive à s’extirper du bourbier...

 

La route continue, toujours à une allure très lente qui nous permet de profiter du paysage de plus en plus somptueux. Sauf qu’au détour d’un autre virage en pente bien humidifié par un petit rio, rebelote !!! La voiture part en crabe dans le bas-côté et impossible de sortir. Cette fois-ci il y a des pierres à dispositions... Après avoir calé des pierres partout dans le sillage des roues et au bout d’innombrables tentatives, Manu et Irma se remettent à pousser pour extirper le 4x4 du bas-côté !

 

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Nous poursuivons le chemin en empruntant une autre piste que celle initialement prévue (rendue impraticable par la pluie). Nous prenons conscience que nous ne serons jamais rendus au village où nous sommes censés dormir. Mauricio et Irma nous propose donc de dormir dans le village de San Antonio de los Cobres. Nous franchissons un dernier rio d’environ 150 m de large et nous arrivons sur notre lieu de repos. Irma se charge de nous trouver un lieu où dormir et nous allons faire un petit tour dans ce village très très isolé. Les habitants ne semblent pas parler espagnol car ils ne répondent pas à nos bonsoirs ni à nos questions... Mauricio nous dira plus tard que la plupart ne parle que quechua. En attendant, après la pluie le soleil et un magnifique arc en ciel sur 180° ! Nous nous couchons dans notre duvet et sous quatre couvertures pour passer une nuit douillette sur des lits à ressorts. Les loulous sont ravis d’enfin dormir dans un vrai lit !

 

 

Au réveil du lendemain matin, petite pensée pour Pierre car nous sommes le 10 février : bon anniversaire ! Bon il est 4h du matin, car nous n’avons fait que les deux tiers du parcours prévu la veille et nous devons rattraper le temps perdu... Petit déjeuner copieux préparé par Irma afin de partir vers 5h. Nous sommes prêts mais nous voyions Mauricio penché sous la voiture au moment de partir avec une pompe comme celle que nous utilisons pour gonfler un ballon. Il nous rassure, tout va bien !

 

Notre première halte a lieu au niveau des ruines d’un ancien village de migrants espagnols venus exploiter les ressources minières. Nous sommes à 4700 m d’altitude et le soleil se lève. Les espagnols ont cédés la place aux viscachas, lapins andins à longue queue qui grimpe sur les pierres comme des écureuils dans les arbres. Ils sont partout ! Petite balade dans l’ancien village de mineur et nous revenons vers la voiture. Et là surprise, nous retrouvons Mauricio en train de gonfler les pneus au gonfleur pour ballon ! Les valves de deux des pneus sont défectueuses et ceux-ci sont bien dégonflés... Mauricio pompe mais nous sommes quasiment à l’altitude du Mont Blanc ! Manu le relaie, le souffle un peu court ! Nous ne sommes pas trop rassurés car nous sommes au milieu de nulle part avec des roues qui se dégonflent et une pompe à la limite de rendre l’âme !!!

 

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Nous remontons dans la voiture pour nous diriger vers les joyaux du sud Lipez. Les paysages sont superbes : montagnes arides aux couleurs changeantes, vallées verdoyantes broutées par les lamas, ruines en adobes... Nous arrivons sur une première lagune d’altitude située à plus de 4800 m. La suite se passe de commentaires ! Vallées, lagunes parsemées de flamands roses, micro-salars, montagnes colorées... Nous en prenons plein les mirettes. En fin de matinée, nous arrivons à la Laguna Verde, l’un des sites les plus connus du secteur. Et elle ne nous déçoit pas ! Couleur menthe glacée !!! Et en fond le volcan Licancabur qui marque la frontière entre la Bolivie et le Chili et que nous apercevions déjà depuis San Pedro d’Atacama quelques jours plus tôt.

 

Nous enchainons sur une petite halte dans un terme constituée d’une piscine alimentée par une eau chaude légèrement soufrée. Alors que nous avions vu les termes bondés avant d’aller à la Laguna Verde, elle est quasiment déserte à notre arrivée. Manu, Youenn et Auria profitent de la baignade et du paysage magnifique pendant que je reste au chaud et prend quelques photos. Tout à coup Irma me dit qu’il faut absolument qu’ils sortent car cela fait trop longtemps qu’ils sont dans l’eau. Effectivement une argentine ne se sent pas trop bien sur le bord de la piscine. L’eau soufrée à plus de 4000 m d’altitude peut altérer la respiration. Tout le monde sort de l’eau, Youenn se sent un peu KO mais tout va bien !

 

 

Direction des geysers situés à 5000 m d’altitude (nous continuons à grimper sans souffrir de l’altitude). Impressionnants ! Le site est plus petit que celui d’El Tatio que nous avions visité au Chili, pas très loin d’ailleurs. Mais il y a une concentration de fumerolles et mini-cratères de boue colorée en ébullition qui éructent régulièrement. Il y en a pour tous les goûts : du jaune, du rouge, du gris, des ébullitions à petites gouttes, des mini geysers de boue... Nous sommes scotchés ! Nous n’oublions toutefois pas de regarder où nous mettons les pieds pour éviter de nous brûler !

 

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Nous finissons cette riche journée par la Laguna Colorada, autre lieu phare du sud Lipez. Le ciel est très couvert mais les couleurs vertes, roses, blanches sont au rendez-vous. Les flamants roses aussi ! Après une petite balade et quelques photos, nous rejoignons le village où nous dormons. Cette fois-ci nous sommes en compagnie de nombreux autres touristes car nous avons rejoint les tours opérateurs venus d’Uyuni. Nous retrouvons une couple de français aperçus à la frontière argentino-chilienne. Manu s’improvise ponctuellement traducteur anglais-espagnol pour un chinois qui n’arrive pas à se faire comprendre auprès de sa cuisinière. Nuit bien au chaud sous les couvertures car le thermomètre descendra en dessous de zéro...

 

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 Le troisième jour commence un peu plus tard que la veille mais nous sommes tout de même debout à 6 h du matin... L’émerveillement continue. Première halte aux arbres de pierres, formations rocheuses sculptées par le vent en plein désert de sable. Les loulous s’en donnent à cœur joie et escaladent toutes les roches qu’ils peuvent gravir. Nous avons eu la confirmation le matin que nous ne pourrons pas prendre la route initialement prévue qui traverse le salar d’Uyuni. Celui-ci étant inondé suite aux importantes pluies des derniers jours, il est impraticable. Avantage de ces précipitations, il a neigé en altitude ! Nous nous retrouvons à un moment sur des dunes de sables couvertes de neige... Situation improbable, nous nous retrouvons à faire une bataille de neige sur un des lieux les plus secs de la Bolivie !

 

 

Nous continuons dans un paysage de carte postale. Plusieurs lagunes plus belles les unes que les autres parsèment notre itinéraire. La plupart accueille des flamants roses que nous pouvons approcher de très près. Vraiment sympa ces oiseaux roses bonbons qui conservent leur élégance tout en ayant les deux pieds dans la boue.

 

 

Nous bifurquons vers la route de substitution en passant par un étroit vallon dénommé le « Canyon del Inca ». Ce passage était utilisé par les troupeaux au temps des incas. Il y a tout juste la largeur de faire passer une voiture. Au détour d’un virage, nous apercevons des viscachas en train de grignoter des restes de pastèques laissées sur un rocher. Pas farouches cette fois-ci, Auria s’approchera à quelques centimètres !

 

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Nous remontons ensuite vers la ville d’Uyuni, porte d’entrée du salar. La route se fait plus roulante et nous faisons une halte au niveau d’une vallée ponctuée de gros rochers aux formes diverses. L’un d’eux évoque clairement la silhouette d’un condor et nous en profitons pour faire quelques clichés amusants. Nous longeons un peu plus loin la mine de San Christobald qui appartient pour partie à un consortium japonais et à... Evo Morales, le président bolivien. Nous sommes assez étonnés car, pour nous, ce président indien menait une politique de développement tournée vers les plus pauvres (accès à l’éducation notamment). En attendant, il est aujourd’hui pour partie propriétaire d’une des mines d’argent les plus lucratives du pays !

 

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Nous arrivons en soirée sur Uyuni sans trop savoir où nous allons dormir. Nous trouvons assez rapidement un hôtel. Nous n’avons pas pris de douche depuis le début de l’excursion car il n’y en avait pas dans les lieux où nous avons dormi. Mauricio nous propose d’en prendre une et nous sautons sur l’occasion. Après plusieurs quiproquo avec la propriétaire de l’hôtel un peu foldingue, nous nous retrouvons à passer à la chaine avec une minute chacun pour se laver. La señora est hystérique et rentre dans la douche malgré notre présence pour nous dire de faire vite ! Heureusement le reste de la soirée se passera très bien, nous en profitons pour faire plus ample connaissance avec Mauricio, Irma et les coutumes boliviennes.

 

Notre dernier jour devait être consacré à la découverte du salar, mais comme expliqué plus tôt celui-ci est inondé et il est impossible de le traverser. Nous nous levons pourtant une nouvelle fois aux aurores pour assister au lever de soleil à l’entrée du salar. Nous rejoignons l’hôtel de sel quelques kilomètres plus loin pour profiter du spectacle. L’arrivée dans le salar nous permet de prendre conscience du phénomène : celui-ci est recouvert de 5 cm d’eau et Mauricio conduit à l’aveuglette sans dépasser les 10 km/h. Nous stationnons aux abords de l’hôtel sur les rares tâches de sel sèches du salar pour contempler le lever d’Inti, dieu soleil. Le reflet du soleil et des nuages dans l’eau est splendide. Même si nous ne pourrons pas traverser le salar, nous profitons de cet effet miroir qui se prolonge à l’infini ! Nous rentrons dans l’hôtel prendre le petit déjeuner et visitons l’édifice réalisé uniquement en sel. Auria en profite pour chevaucher un lama de sel, plus facile à monter que les vrais...

 

 

Après un petit tour dans cette étendue d’eau immense, nous regagnons Uyuni. Visite d’un « cimetière de train » et retour vers Tupiza. Une route asphaltée est en construction et nous croisons pas mal de camions. Nous surprenons même un ouvrier en pleine sieste affalé sur un engin de chantier ! En attendant la piste provisoire est très mauvaise. Avec les pluies, nous traversons des flaques d’eau de plusieurs dizaines de mètres de long et plus de 50 cm de profondeur. Quand on sait que le fond est sableux, on se dit : heureusement nous ne sommes pas passés par là avec le van ! Encore un fois, nous prenons conscience que même sur des pistes reliant des villes importantes, il va falloir faire avec la météo ! Nous arrivons en fin d’après-midi sur Tupiza et remercions chaleureusement Mauricio et Irma qui sont exténués par ces quatre jours marathon. De notre côté nous n’avons fait que profiter, mais nous sommes aussi épuisés !

 

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Après une bonne nuit de sommeil, nous profitons de la journée qui s’offre à nous pour flâner dans les marché et assurer les taches nécessaires au quotidien (courses, lavanderia, douches...). Journée de repos salutaire qui se termine comme tous les jours par des pluies en fin de journée !

 

Au matin du 14 février, nous décidons de visiter les alentours de la ville de Tupiza. Nous avons repéré plusieurs sites sur les dépliants fournis par les agences et décidons de nous rendre vers la « Puerta del Diablo ». Après une tentative ratée, nous finissons par trouver la bonne piste pour sortir de la ville. Première sensation étrange car nous traversons un véritable dépotoir sur plus d’un kilomètre de long. Pour un circuit proposé par les agences de tourisme, ça fait un peu désordre. Mais nous ne sommes pas au bout de nos surprises... A peine sortie de cette déchèterie à ciel ouvert, nous devons franchir le lit accidenté d’un rio à sec. Euh non en fait nous nous rendons compte que la route c’est le rio à sec !!! Encore une fois, avec les pluies orageuses des derniers jours, même s’il n’y a pas d’eau, le sol est défoncé et trempé. Impossible pour nous de continuer. Nous rebroussons chemin !

 

En début d’après-midi, nous décidons de passer à une excursion à pied, plus sûre. Nous stationnons aux abords d’un rio afin de nous rendre vers un canyon. En remontant le cours d’eau, nous tombons nez à nez avec une vieille femme et son chien. Elle est en train d’écosser des haricots en criant ou psalmodiant des paroles incompréhensibles. En nous voyant arriver elle nous harangue en  nous criant de passer vite et de revenir rapidement. Un peu étrange ! De toute façon le canyon est muré (sorte de barrage) un peu plus loin et nous devons faire demi-tour...

 

 

De retour dans Tupiza, nous stationnons près d’un hôtel afin de tenter de trouver une connexion wifi. Nous tombons sur le couple de français rencontrés à la laguna Pozuelos au nord de l’Argentine. Nous les invitons à boire un verre et passons la fin d’après-midi à discuter. Quand un orage éclate ! Soudain et violent, la ville se retrouve une nouvelle fois noyée sous les eaux. Nous les véhiculons à leur hôtel et ils nous donnent la clé wifi de celui-ci. La connexion est comme toujours très lente mais en plus le site qui héberge notre blog est en maintenance ! Bon bah ce ne sera pas encore pour aujourd’hui que nous pourrons publier un nouvel article !

 

Lundi 15 février, après une semaine de vacances scolaires pour Youenn et Auria, nous reprenons le rythme : école et départ vers le nord et la ville de Potosi.

 

 


20/02/2016
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