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La quebrada de Huamahuaca

1er février : après notre séjour autour de San Pedro de Atacama au Chili, nous passons la frontière pour l’Argentine au Paso de Jama à 4200 m d’altitude. Beaucoup de monde car il s’agit du principal poste frontière du secteur mais nous passons sans trop attendre. Direction le nord de l’Argentine et la Quebrada de Huamahuaca qui nous emmènera droit en Bolivie.

 

En redescendant du Paso de Jama en fin de journée, nous continuons à traverser de superbes paysages. Nous bivouaquons encore une fois en altitude aux abords d’un hôtel à Susques. Le lendemain, après une matinée d’école, nous arrivons aux Salinas Grandes. Il s’agit d’un salar exploité pour l’extraction de sel. Les engins sont en plein travail et nous longeons d’énormes tas de sel. Il est habituellement possible de se promener sur la couche de sel mais il a beaucoup plu ces derniers temps et la surface du salar est recouverte d’eau... Nous ne pourrons que marcher sur les bords du salar sans réellement trop nous écarter de la route. D’ailleurs le vent se lève et la pluie commence à tomber, nous ne nous attardons pas !

 

 

La route continue en serpentant dans la montagne et le temps devient de plus en plus maussade. A un moment nous nous retrouvons dans les nuages sans visibilité à plus de 20 m. Et comme par hasard, il s’agit du passage le plus tortueux avec des épingles à cheveux à ne plus savoir qu’en faire ! Heureusement la route est bonne, et puis nous avons tout notre temps... En redescendant, le ciel s’éclaircit d’un seul coup et nous laisse percevoir des paysages de vallées magnifiques avec des versants de plus en plus colorés ! Nous roulons tranquillement en profitant de cette vue dégagée jusqu’au village de Purmamarca, première véritable étape de la Quebrada de Huamahuaca.

 

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 Le village de Purmamarca est réputé pour sa montagne aux sept couleurs (et oui encore une !). Le centre est très touristique avec des étales dans tous les coins de rue qui proposent tissus colorés, chapeaux et autre artisanat local. Enfin ça dépend car en y regardant de plus près, il n’est pas rare de trouvé une étiquette avec écrit « Hecho en China » !!! Vive la mondialisation... Nous déambulons tranquillement dans les rues avant de rejoindre un bivouac en sortie de village, au pied de la fameuse montagne. Le lendemain nous nous promenons autour de ce relief coloré, Youenn et Auria s’assurant bien qu’elle offre les sept couleurs annoncées ! Nous retournons dans le village profiter des échoppes colorées qui sentent bon la future Bolivie...

 

 

En début d’après-midi, nous reprenons la route pour rejoindre la fameuse Quebrada de Huamamarca. Celle-ci est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Alors certes la vallée est très belle mais très honnêtement nous en avons vu de nettement plus jolies (peut-être commençons nous à être blasés !!!). En y regardant de plus près, elle présente, au-delà de ces paysages, un intérêt historique certain. Il s’agit du principal passage entre Bolivie et Argentine. Les indiens, incas, conquistadors et autres voyageurs sont tous passés par là et y ont laissé leur trace. Il faut dire que la vallée est assez large et semble très fertile. Nous n’avions pas vu de vallée aussi verte depuis assez longtemps !

 

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La route nous conduit au village de Tilcara. Celui-ci est surtout réputé pour sa Pulcara (ruine de ville pré-incaïque). Nous en avons déjà visité plusieurs mais celle-ci est un peu particulière. En effet, les archéologues travaillent sur ce site depuis près de cent ans. Contrairement aux autres pulcaras qui sont à un état de ruine plus ou moins avancé, celle-ci a fait l’objet d’une importante réhabilitation. On peut ainsi observer tout un quartier reconstitué avec des maisons constituées de murs, poutres en bois de cactus et toits en canisse recouverte de terre. Bon il y a pas mal de discussions autour de ce travail de restauration car certains vont même jusqu’à dire que la reconstitution n’a pas eu lieu sur la bonne colline !

 

Pour nous en tout cas, c’est vraiment super de pouvoir se rendre compte de l’architecture et de l’organisation des habitations, ateliers d’artisans et lieux de culte. Nous apprécions beaucoup la visite d’autant plus que nous avons une superbe vue sur la vallée de Huamamarca. Nous continuons notre déambulation dans le village avec un petit musée archéologique. Rien d’extraordinaire mais on y retrouve des restes des ustensiles du quotidien. Nous profitons d’être dans le village pour flâner sur la place centrale entourée d’échoppes d’artisanat. On achète des housses aux couleurs locales pour les tablettes, histoire de lier technologie et culture andine !!! Nous repartons dans la soirée et dormons en bord de route avec une vue imprenable sur la quebrada.

 

 

Au petit matin, nous partons pour la ville de Huamahuaca. Il s’agit du principal centre urbain de la quebrada qui est réputé pour son artisanat et son histoire. La première impression est plutôt négative car la ville est assez sale et ne présente pas une architecture particulièrement belle. Il y a bien une grande horloge près de la place centrale et un grand escalier qui domine le centre de la ville (celle-ci conduit à une immense statue en hommage aux héros de l’indépendance nationale). Mais rien de vraiment exceptionnel. Par contre, des échoppes partout ! Beaucoup d’artisanat dans la ville (vêtements, chapeaux, babioles...). On sent également dans la tenue des gens que l’on se rapproche de la Bolivie ! Nous faisons un petit tour dans le marché couvert avec des mini-boucheries et vendeurs de fruits et légumes. Impressionnant de voir le boucher rentrer des bouts de viandes plus gros que lui dans un local qui doit faire tout au plus 4 m² !

 

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Nous sommes aussi témoin d’un incident qui en dit long sur les conditions de vie locale. Deux jeunes descendent une vitre énorme (4m sur 2m environ) d’un pick-up pour la livrer. Celle-ci n’est pas protégée et les deux jeunes n’ont aucun équipement particulier. Et arrive ce qui devait arriver, la vitre se brise en mille morceaux et l’un d’eux s’enfonce dans le bras d’un des jeunes... Le sang coule par terre et l’avant-bras est bien amoché. En France, le jeune aurait crié et son patron serait venu voir pour l’aider. Et bien là c’est quelque peu différent... Le jeune reste stoïque et visiblement embarrassé d’avoir cassé la vitre et il se fait engueuler par son patron. En pendant ce temps-là, le sang continue à couler par terre...  Bon finalement des personnes appelleront un médecin mais la scène était  assez choquante.

 

Après la visite de la ville et cet incident, en début d’après-midi, nous pensions nous rendre à un mirador mais c’est à ce moment-là qu’un orage a décidé d’éclater... Nous passons donc notre chemin et continuons notre route vers le Nord.

 

La route alterne entre vallées ouvertes et quebradas aux roches colorées. Le ciel est noir un peu partout autour de nous et nous décidons de nous rendre à la ville d’Abrapampa. C’est le jour de la fête des femmes et une petite fête a lieu à côté de la place centrale. Nous y faisons un rapide tour mais Auria n’est pas trop rassurée. Les petits garçons s’amusent à envoyer farine et eau sur les petites filles et Auria n’échappe pas à la tradition ! De son côté, Manu est invité à boire un verre mais ces bonnes âmes ont pris un peu trop d’avance et il préfère décliner l’offre !

Le village en lui-même ne présente pas trop d’intérêt et nous nous rendons sur le parking d’un hôtel pour passer la nuit. Nous avons vu qu’il était éventuellement possible d’y demander la wifi. Ce que nous faisons histoire de prendre des nouvelles de tout le monde mais comme bien souvent, le signal fonctionne mais impossible de se connecter ! Résignés, nous décidons plutôt de re-démonter notre boiler qui ne fonctionne toujours pas correctement... En vain, après avoir tout démonté et tout nettoyé, il continue à marcher de manière aléatoire !

 

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Le lendemain matin, après l’école, nous décidons de bifurquer de la route vers la Bolivie pour une escale aux abords de la laguna Pozuelos. Ce lac est connu pour accueillir de très nombreux oiseaux.

 

Les 70 km de pistes qui mènent au lac se passent sans encombre. Nous traversons une quebrada très sympa qui débouche sur une immense cuvette au milieu de laquelle se localise la laguna. Nous avions été voir le bureau qui gère cette réserve à Abrapampa avant de partir et c’était une bonne idée. En effet il n’y a personne au bureau d’accueil à l’entrée du site lorsque nous arrivons. Et il nous faut prendre la petite piste sablonneuse qui tourne à droite après un pont, faire 5 km, ouvrir une clôture et aller jusqu’à un petit parking proche du lac. Impossible de le deviner tout seul ! Heureusement, la personne d’Abrapampa nous l’avait expliqué.

 

La piste est un peu défoncée et par moment un peu humide mais nous passons. Une fois stationnés, nous discutons avec un couple de français qui revient du lac. Très sympas ! En fin d’après-midi, nous partons pour une ballade qui nous emmène aux abords de la laguna. Des vigognes et des milliers d’oiseaux sont devant nos yeux. Le site est très sauvage et nous avons l’impression d’être seuls au monde dans cette grande cuvette. Après moult photos, une récolte de plumes de flamants et une bonne petite marche, nous revenons au van. Il est un peu tard et nous décidons de rester dormir sur place dans ce cadre idyllique.

 

En fin soirée, nous voyons d’énormes orages au loin sur les montagnes. Impressionnant car il y a des éclairs toutes les 20 secondes pendant plusieurs heures. Nous sommes heureux de ne pas être dessous et nous endormons paisiblement... Sauf que vers 3h du matin, l’orage s’est déplacé et se retrouve au-dessus de nos têtes !!! Pendant une heure et demie la pluie tombe à grosses gouttes sans discontinuer... A un moment le tonnerre est très très proche de nous ! Pour ma part je n’ai rien entendu mais visiblement Manu n’a pas trop bien dormi... Le lendemain matin, avec le vent et le soleil levant, le sol sèche un peu. Nous en profitons pour faire école au milieu des lamas et des vigognes !

 

 

En début d’après-midi, nous voyons arriver un 4x4. La piste est donc potentiellement praticable. Nous décidons de tenter le coup : 7 km de folie ! De l’eau un peu partout avec des ornières de sable  inondées. Franchement nous pensons rester plantés plus d’une dizaine de fois mais à chaque fois nous passons !!! Le van nous surprend, l’anti patinage se met en route la moitié du temps. Dernière grosse difficulté, une flaque d’eau longue d’une quinzaine de mètre avec une bonne quarantaine de centimètre d’eau et un fond vaseux. Nous patinons, patinons, patinons mais réussissons à sortir ! Ouf nous sommes sur la piste principale. Sauf qu’il reste encore 120 km de chemin de terre consolidé pour nous rendre à la ville de Laquiaca. Et un certain nombre de rio à traverser ! Après une route éprouvante et plusieurs franchissement de rio très limites (Manu étant même une fois obligé de descendre pour sonder la profondeur d’eau), nous arrivons dans la soirée dans la ville frontière de Laquiaca.

 

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 Cette ville est notre dernière étape en Argentine. Pour nous donner une idée du chemin parcouru ces derniers mois, une pancarte rappelle qu’Ushuaïa est situé à 5 000 km d’ici et une autre pancarte nous indique que Paris est « seulement » distant de 10 000 km ! Nous sommes le 6 février et c’est jour de carnaval. Nous nous rendons sur la place centrale où des gradins sont prêts pour le spectacle. Après renseignement, la fête est censée commencer vers 21h. Nous prenons quelques nouvelles de tout le monde grâce à la wifi libre très limitée de la place du village et trouvons un coin pour nous stationner et manger pas trop loin. Vers 21h30, nous nous rendons sur le lieu du carnaval mais rien, personne ! Nous faisons un petit tour mais tout est calme. Peut-être avons-nous mal compris... Nous sommes un peu fatigués de l’après-midi de route et rentrons dormir. C’est seulement vers 23h30 que nous commencerons à entendre le début du carnaval qui durera toute la nuit !

 

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Le lendemain, objectif passage de frontière vers la Bolivie. Avant cela nous faisons les pleins d’eau et de gasoil car ce dernier est plus compliqué à trouver de l’autre côté de la frontière. Nous récupérons la connexion wifi d’un hôtel et parvenons au bout de 4 bonnes heures d’effort à télécharger l’ensemble des photos (enfin nous espérons...).

 

Vers 16h, nous nous rendons à la frontière bolivienne. Et là nous rentrons dans un nouveau monde !!! ll y a deux files pour faire les formalités : une pour les piétons et une pour les personnes avec véhicule. Nous faisons la queue au premier guichet (il y en a 4 en tout). Il n’y a pas un monde fou mais au bout d’une heure nous n’avons toujours pas avancé d’un centimètre !!! Nous voyons des gens passer sur le côté et aller directement au guichet sans que personne ne dise rien... Au bout d’un moment une personne de la douane sort et distribue à tout le monde des tickets avec numéro. Mais forcément elle ne les donne pas aux personnes dans l’ordre de la file et ça devient très vite le bazar complet ! Finalement au bout de 2 heures d’attente, nous arrivons au premier guichet. Nous faisons remarquer au douanier le bordel ambiant et visiblement ça le fait bien rire...

 

Nous continuons notre attente en discutant avec des argentins et chiliens tous autant dépités que nous. A l’arrivée au troisième guichet (migration bolivienne), celui-ci est fermé ! Et personne pour nous avertir ou dire quoi faire. D’autres personnes décident de passer par la file des piétons qui est de l’autre côté du bâtiment. Nous contournons donc celui-ci pour accéder au guichet. Nouvelle file interminable et au moment où nous arrivons au guichet, le militaire dit à Manu que c’est de l’autre côté (car ça a rouvert entre temps...). Manu s’énerve un peu et finalement ils nous font les papiers nécessaires. Dernière étape, la douane bolivienne. Nous comprenons rapidement que la personne est seule pour faire les papiers pour les piétons, les personnes véhiculées et pour fouiller les véhicules ! Ah j’ai failli oublier, en même temps, il téléphone à sa femme !!! Comme la file est énorme, le gars est débordé...

 

Finalement, au bout de près de 4 heures, nous réussissons à passer la frontière pour rejoindre la Bolivie et la ville de Villazon de l’autre côté du pont...

 



20/02/2016
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