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Autour de Cochabamba et Oruro

Après avoir quittés Sucre, nous prenons la route qui mène vers Cochabamba distant de près de 300 km. Les distances en Bolivie ne doivent pas se calculer comme en France. Ici 300 km ce ne sont pas 3 ou 4 heures mais plutôt 6 ou 8 heures si la route est bonne. Et comme la route est rarement bonne... Nous prenons notre temps et notre trajet a un goût de retour dans le passé. Nous parcourons le centre rural de la Bolivie avec ses petites fermes en adobe entourées de quelques champs et de petits troupeaux de chèvres, moutons ou vaches. Pour conserver nos références à Zola, autant les mines de Potosi nous rappelaient « Germinal », autant la campagne bolivienne nous rappelle « La Terre ». Là encore, la sensation d’être revenu un siècle en arrière est omniprésente.

 

Le travail des champs s’effectue sur de petites parcelles en pente, à la main ou au mieux aidé d’un âne ou d’un bœuf. On est vraiment dans l’agriculture de subsistance et la vie semble très rude. Les expressions des personnes croisées rappellent certains regards de paysans de nos campagnes un peu reculées... Et forcément, comme on dit chez nous, nous avons à faire à des taiseux ! Difficile d’engager une conversation, car les personnes ne nous répondent parfois même pas. Peut-être ne parlent-ils que Quechua ou Aymara mais ça fait un peu bizarre, on ne se sent pas toujours les bienvenus. Entre notre espagnol rudimentaire et leur prononciation parfois difficile à comprendre (tout dépend du nombre de dents restantes...), pas facile d’échanger !

 

En tout cas la route continue d’être jolie. Après un trajet sur route asphaltée, nous arrivons sur une partie qui pourrait s’apparenter à un mixte entre Paris-Roubaix et une étape de montagne du tour de France. Sur 70 km, nous roulons sur des pavés qui serpentent dans la montagne... Et pas une route qui part à gauche ou à droite. Nous sommes au centre du massif montagneux bolivien, un peu au milieu de nulle part. Difficile de trouver un bivouac, d’autant plus que les bas-côtés sont très humides en cette saison. Nous comptons un peu sur le village de Totora pour nous accueillir. Mais déception, celui-ci est constitué de rues pavées très en pentes et particulièrement étroites. Pas sûr de pouvoir ressortir si nous nous engouffrons dans une des ruelles ! On finira par trouver un bas-côté un peu plus sec pour la nuit, pas terrible comme bivouac mais ça dépanne.  

 

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Le lendemain nous prenons le chemin d’un ancien site Inca, les ruines d’Incallajta (construites par l’empereur Tupac Yupanqui). Elles sont décrites dans le guide comme le pendant bolivien du Macchu Picchu, ça donne envie... Après 20 km de piste pavée en colimasson, quelques franchissements de rios et une dizaine d’élevage de poulets, nous arrivons à l’entrée du site. Une femme bolivienne qui semble tout droit sortie du champ voisin nous accueille, enfin façon de parler. Car pas un mot à part le prix de l’entrée et nous comprenons vite qu’il ne vaut mieux pas trop poser de questions.

 

Nous partons à pied visiter les ruines et là encore c’est un peu la déception. Un vague chemin est tracé au milieu de la végétation et de temps en temps quelques murs en ruine émergent des plantes qui ont colonisé le site. Quelques panneaux expliquent sommairement ce que nous voyons, mais parfois nous ne pouvons même pas voir l’élément décrit tellement la végétation a poussé... Il y a quelques photos qui représentent les ruines suite aux fouilles, et avant le retour de la végétation. A cette époque ça devait être plus sympa. Nous pouvons quand même admirer les murs de le Kallanka, grand bâtiment centrale couvert de près de 80 m de long ! Il s’agissait sûrement d’un site très important au temps des incas mais il ne fait pas vraiment l’objet d’une mise en valeur à la hauteur de son statut, dommage... Et comme nous faisons une partie de la visite sous la pluie, cela n’arrange rien !

 

 

Avant de repartir, nous sommes confrontés à un dilemme : aller directement sur Cochabamba ou tenter une excursion aux abords de l’Amazonie toute proche... Depuis quelques jours, nos visites concernent essentiellement des villes et nous avons besoin de nature. Nous optons donc pour l’Amazonie et le secteur de Villa Tunari. Nous reprenons la route, asphaltée cette fois, et montons progressivement jusqu’à 3700 m d’altitude. Nous sommes à 100 km de Villa Tunari, qui se situe à 300 m d’altitude, soit 3400 m plus bas ! La pluie commence à tomber et nous pénétrons dans un brouillard digne d’une matinée d’automne en centre Bretagne. Nous venons de rejoindre la route Cochabamba-Santa Cruz qui est blindée de camions ultra chargés, de bus et de camionnettes-taxi...

 

Et là débute l’enfer pour Manu ! Imaginer une route qui serpente dans la montagne, la pluie, le brouillard, des camions qui roulent à 10 km/h, des bus et camionnettes qui doublent en pleine épingle à cheveux des files de camions sans même voir la cabine du camion qui est juste devant. Vous situez ? Attendez ce n’est pas fini ! La route est annoncée asphaltée mais tous les kilomètres nous traversons des zones « géologiquement instables ». Sur ces secteurs l’asphalte disparaît pour laisser place au mieux à un revêtement pavé défoncé, au pire à de la boue ou des coulées de pierres qu’il faut franchir en première... Bref que du bonheur. Nous croisons camions en panne, voiture en surchauffe, voiture restée tankée au milieu d’un éboulement de pierre, camion chargé renversé sur la chaussée tellement celle-ci est défoncée... La nuit tombant et la pluie redoublant d’intensité, nous décidons de nous arrêter pour dormir sur un bas-côté devant des échoppes vendant une nourriture plus que douteuse.

 

Le lendemain matin, nous finissons la descente en comptant que nous aurons parcourus les 70 km les plus difficiles en près de 4h. Manu se fait petit à petit à la conduite bolivienne et se permet parfois également quelques dépassements de file de camions sans trop de visibilité, mais bon c’est toujours passé sans problème !

 

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Nous arrivons à Villa Tunari pour manger le midi et nous nous posons sur la place centrale de la ville. Le temps s’est éclaircit mais partout le sol est gorgé d’eau. Comme nous sommes un peu en retard sur l’école pour cette semaine, nous décidons de faire cours l’après-midi. Petite balade dans la ville en fin de journée et nous rentrons nous mettre à l‘abri car le ciel menace. Peu de temps après un orage se déclare, il durera toute la nuit avec un tonnerre assourdissant et des pluies diluviennes interminables ! Au matin, impossible de sortir et nous décidons de flemmarder dans le van en attendant que cela se calme. Nous avons repérer quelques parcs à visiter, et sommes bien décidés à sortir quand Le temps se sera calmé. En début d’après-midi, l’eau s’arrête de tomber et nous partons pour le parc municipal de Machiaca qui accueille des animaux blessés de la forêt équatoriale. Tout est inondé de partout, les rios charrient une eau marron et nous apprenons que le parc est fermé à cause des pluies.

 

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A ce moment-là notre moral est au plus bas... Nous sommes enfermés à cause de la route et de la pluie depuis quelques temps et nous commençons à devenir un peu pessimistes, d’autant que le ciel n’est pas magnifique. Attendre le lendemain, avec le risque que les pluies reprennent dans la soirée ? Finalement, nous nous résignons un peu, nous sommes en Amazonie en pleine saison des pluies, il ne fallait pas trop s’attendre à autre chose. Nous reprenons donc la route préférée de Manu dans le sens de la montée cette fois-ci pour rejoindre Cochabamba dont le climat est réputé plus clément. Rebelote sur la route, avec en plus cette fois la difficulté de doubler en montée ! Une fois rendu en haut Manu est épuisé mais soulagé...

 

Jusqu’à maintenant nous avons eu de la chance avec les pleins d’essence. Nous avons toujours trouvé une station acceptant de remplir notre réservoir soit au prix officiel pour les étrangers (2,8 fois plus cher que pour les boliviens), soit à un prix un peu moindre s’ils acceptaient de ne pas faire de facture. Et bien la chance va tourner. Nous nous arrêterons dans cinq stations-services avant de rejoindre Cochabamba et aucune ne voudra nous vendre du gazole... Certains refusent avec mépris et d’autres sont véritablement désolés de ne pouvoir le faire mais ils n’ont pas le droit et sont filmés !

 

Nous arrivons en fin de soirée dans la grande ville de Cochabamba, et nous nous dirigeons vers le quartier riche pour trouver un endroit où dormir. Le jour suivant est dédié à la visite de la ville. Nous souhaitons commencer par le couvent Santa Teresa, l’un des plus vieux bâtiments de la ville. Mais contrairement à ce qu’annonçaient nos guides la visite n’a lieu que l’après-midi. Qu’à cela ne tienne, nous continuons nos déambulations vers le grand marché de la ville. En fait nous n’arriverons pas à l’atteindre car les rues qui y mènent sont déjà remplies d’échoppes et étales en tout genre où nous trouvons quelques bricoles dont nous avions besoin. Et assez rapidement les loulous saturent de cette foule compacte et animée. Nous les comprenons et retournons vers la place et l’avenue centrale pour nous restaurer et trouver une connexion wifi.

 

 

En début d’après-midi, nous retournons au couvent pour la visite. Le bâtiment est en restauration et une partie de celui-ci est fermée au public. Malgré cela, la visite est très intéressante. Le couvent accueillait les filles de familles riches qui payaient une fortune pour inscrire leur enfant. Les sœurs vivaient recluses, complètement fermées du monde extérieur. Des tourniquets opaques permettaient d’échanger des biens avec l’extérieur. Chaque sœur avait le droit de parler une heure par jour avec ses camarades, pas plus. Une visite par mois était autorisée pour la famille mais le parloir (pire qu’une prison) était totalement opaque et les personnes ne pouvaient ni se voir, ni se toucher... Sans compter qu’une autre sœur était chargée d’écouter la conversation et de la rapporter à la mère supérieure ! Ah j’allais oublier, nous avons eu le droit à la visite d’une cellule et au listing des affaires personnelles des sœurs. Intéressant tous ces ustensiles pour se flageller !

 

Tout comme Youenn ne se voyait pas mineur à Potosi, Auria n’a pas souhaité embrasser la vocation de sœur recluse. Dommage car il en reste six dans le couvent. Les règles se sont un peu assouplies mais ça ne fait pas trop rêver quand même ! En tout cas le bâtiment vaut le coup. Les parties restaurées sont vraiment superbes. Désolé nous n’avons de photos car il fallait payer un supplément non négligeable pour avoir le droit d’en prendre...

 

Cette visite nous a revigorés et nous décidons d’enchainer avec celle du Palacio Portales, demeure d’un riche bolivien ancien magnat de l’étain. Nous apprenons en plus qu’une visite en français est possible si nous attendons un petit peu. Nous en profitons pour faire le tour des jardins et admirer les bâtiments de l’extérieur. Un véritable manoir à l’européenne au milieu d’une ville bolivienne. Simon Patino, qui a fait construire le palace, était un homme excessivement riche qui a vécu une partie de sa vie en Europe pour faire des affaires. Il a décidé de faire construire cette demeure pour ses vieux jours en amalgamant les styles des différents pays européens où il est passé. Bon la petite histoire veut qu’il soit mort à son retour d’Europe à Buenos Aires et qu’il n’ait finalement jamais pu profiter de ce joyau...

 

Dommage pour lui car la maison est somptueuse. Certes, il faut aimer les mélanges de styles car se côtoient des salons « empire », une salle de jeux persane tout droit sortie des contes des mille et une nuits, une salle de balle moitié renaissance moitié italienne avec des décors copiés à partir des peintures du vatican... Auria est tombée sous le charme ! Dommage que les photos soient interdites à l’intérieur. En tout cas, ce palace nous a beaucoup plu. De là à dire que nous avons pris des idées pour la déco de la maison...

 

 

Après une matinée d’école, nous nous rendons dans un parc municipal à la périphérie de Cochabamba. Nous avons envie de plein air et ce lieu est parfait : jeux pour enfants, espaces engazonnés et même une piscine dans laquelle Youenn, Auria et Manu s’empressent de plonger ! Après-midi détente donc, avant de sortir de Cochabamba pour rejoindre un autre lieu nature, l’éco-parc de Tumari. Nous rentrons dans le parc, nous nous stationnons, je sors à peine fumer une cigarette et là je vois quelqu’un qui me fonce dessus en criant « je savais bien que je te retrouverai !!! ». Les Janco !!! On s’était dit que peut être nous nous reverrions en Bolivie mais alors là on ne s’y attendait pas ! Le hasard fait vraiment bien les choses des fois !

 

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Du coup nous faisons connaissance des parents de Nigel qui ont rejoint la petite famille et passons la soirée ensemble. Le lendemain, les Jancos repartent car ils ont un planning serré pour rejoindre Sucre. De notre côté nous profitons de la journée pour prendre l’air et nous balader dans le parc. Promenade jusqu’à une cascade avec pas mal de monde en ce dimanche. Bikers et policiers se côtoient même dans ce lieu une peu à l’écart de la ville... Le chemin est un peu escarpé sur la fin pour descendre au rio mais rien de tel qu’un peu d’escalade pour se dégourdir les jambes ! Et puis la vue sur l’agglomération de Cochabamba est sympa. De retour au van, nous décidons de rester une nuit de plus car nous sommes plutôt pas mal installés...

 

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Le lendemain, après une matinée d’école, nous prenons la route pour Oruro. Avant de rejoindre la ville, nous faisons escale aux termes d’Obrajes. Nous sommes perdus au pied des montagnes et le ciel se noircit progressivement au-dessus de nos têtes. Qu’à cela ne tienne, nous avons très envie de profiter de la piscine d’eau chaude naturelle et avons prévu de bivouaquer sur le parking des termes le soir. Le temps de se changer, de piquer une tête et les premiers grondements retentissent ! Nous nous réfugions rapidement à l’abri pour évider de rester dans l’eau avec la foudre qui tombe tout prêt. Une petite heure d’éclairs, tonnerres et pluies diluviennes puis nous pouvons retourner dans l’eau ! Bien agréable cette piscine, au début nous étions seuls mais progressivement des boliviens arrivent. A noter que les femmes se baignent quasiment toute habillée. Par pudeur ? Les termes sont censés fermer à 18h30 mais une heure avant, ils commencent à vider la piscine. Etonnant de voir les boliviens qui restent dans l’eau alors qu’un des agents des termes est en train de laver le fond de la piscine.

 

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Le lendemain, les loulous profiteront des jeux situés sur le parking des termes avant de partir pour Oruro. Nous n’avons pas prévu de nous arrêter longtemps dans la ville qui est réputée sale et bondée. Et ça commence bien car, dès l’entrée de la ville, nous sommes bloqués par une manifestation d’habitants. Il y a eu pas mal d’inondations dans le coin et la ville est entourée d’eau. Quand un camion arrive avec une pelleteuse, la manifestation s’arrête. Nous supposons qu’ils demandaient des travaux pour construire une digue mais rien de bien sûr ! Après leur gouverneur s’appelle Victor Hugo, alors pas étonnant que l’on ait parfois l’impression d’être au 19ème siècle en Bolivie !!!

 

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La ville d’Oruro est effectivement très poussiéreuse et assez animée. Après avoir fait le plein d’essence sans souci, nous traversons la ville en direction de la frontière chilienne. Nous ferons une partie des 250 km qui nous sépare du Chili dans la soirée et le reste le lendemain matin. La route n’est pas exceptionnelle mais nous traversons quelques paysages qui méritent des photos... Alors on vous en fait profiter !

 

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06/03/2016
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