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Du parc volcan Isluga à Humberstone

Mercredi 2 mars : une fois la frontière chilo-bolivienne franchie, nous arrivons quasiment au sein du parc national du Volcan Isluga. Cette réserve d’altitude comprend plusieurs volcans aux sommets enneigés et de vastes espaces de puna où l’on peut trouver les quatre camélidés des Andes (vigogne, guanaco, lama et alpaga). Nous quittons la route principale pour emprunter une piste qui nous conduit au village d’Isluga. Il est 18h et le village semble désert ! Pas âme qui vive, cela fait un peu bizarre. Nous continuons la piste jusqu’au village suivant où se situe le bureau du parc national. Personne, bon il est un peu tard... Nous décidons finalement de nous rendre aux thermes tous proches. Nous traversons un paysage idyllique avec volcans enneigés, puna à la végétation jaunâtre éclairée par le soleil couchant et troupeaux de lamas ou alpagas qui broutent paisiblement.

 

Nous nous garons sur le parking des thermes. Nous sommes seuls au monde, les bassins sont gratuits et non surveillés. Nuit tranquille à 4000 m d’altitude et au réveil, les loulous n’ont qu’une idée en tête, piquer une tête justement. Nous nous préparons et qui voyons nous arriver ! Un pick-up de carabineros (gendarmes chiliens). Que viennent-ils faire aux thermes de si bon matin ? Se baigner pardi ! Ils passent de leur attirail kaki, pistolet, matraque et tout le barda à un simple caleçon de bain pour une petite immersion dans les eaux chaudes ! Nous discutons un peu avec eux car nous nous demandons ce qu’ils font dans le parc où il n’y a vraiment personne. En fait il y a pas mal de trafic de drogue entre Bolivie et Chili, ils sont donc chargés de surveiller le secteur...

 

Assez rapidement ils nous laissent la place et nous nous retrouvons seuls dans une piscine aux eaux chaudes naturelles d’un peu plus de 30°. Nous nous baignons tous les quatre et les enfants font un peu de rabe jusqu’au déjeuner. Ils sont bien contents de cette petite matinée tranquille même s’ils reviennent un peu écarlates... A 4000 m, en plein soleil et dans l’eau, ça ne pardonne pas !

 

 

 

La journée continue et nous retournons voir le bureau du parc qui nous indique une ballade à faire le long de la laguna Arabilla. Petite piste bien sympa qui se confond ponctuellement avec le rio local et nous voilà arrivés. La lagune est magnifique avec tous les oiseaux et les volcans en arrière-plan. Pas mal de vent mais l’avantage c’est qu’il ramène plein de plumes du côté du sentier. Autant dire que nous en avons ramassé quelques-unes ! Youenn tentera bien un envol avec le bout des bras plumés mais toujours sans succès... Nous refaisons le plein de lamas, flamants roses et autre faune de l’altiplano avant de reprendre la route qui descend vers la mer. Sur les conseils du garde du parc, nous continuons la piste qui nous ramène à la route principale. Bon pas grand-chose à voir... Quelques passages un peu techniques et une église plus loin, nous retrouvons le goudron qui va nous permettre de descendre de 4500 m d’altitude à 0 !!!

 

 

La route serpente entre les montagnes avec comme toujours quelques carcasses de voitures exposées en bord de route pour rendre hommage aux accidentés (sortes de sanctuaires). Les paysages sont magnifiques avec la lumière du soleil couchant. Nous passons progressivement de la puna relativement verte de l’altiplano à une zone totalement désertique. Après notre séjour en Bolivie où les paysages étaient relativement verts, cela fait bizarre de revenir dans une zone désertique où pas une plante ne pousse. Nous décidons de nous arrêter à environ 1500 m d’altitude, au niveau d’un immense géoglyphe appelé « El Gigantes ». Celui-ci représente une figure humaine géante dessinée sur une grande dune de sable. Selon les panneaux explicatifs, il s’agirait du plus grand géoglyphe au monde.

 

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 Le lendemain, nous reprenons notre route dans ce paysage de collines arides vers la ville d’Iquique situé en bord de mer. Petite halte en route pour faire le plein d’essence et, en repartant, nous sentons progressivement le van se mettre à vibrer de plus en plus fort. Nous ne sommes pas trop rassurés car il nous reste plus de 1000 m d’altitude à descendre avec des secteurs assez pentus. Après plusieurs arrêts pour contrôler l’ensemble du van visuellement, Manu ne voit rien de particulier. Pourtant le van continue à vibrer et nous commençons à penser que cela vient du moteur... Nous descendons tranquillement jusqu’en ville sans encombre.

 

En fait une autre priorité nous attend à Iquique, le 7 mars est le jour anniversaire de Youenn et nous lui avons promis une tablette ! Nous commençons donc pas nous rendre dans la zone franche (secteur commercial exempté de taxes) pour trouver son bonheur. Mais en fait nous ne trouvons pas ce que nous souhaitions... C’est un peu le bazar dans cette zone franche et les tablettes sont au même prix qu’ailleurs ! Comme nous ne trouvons pas le modèle que nous cherchons, nous laissons tomber en espérant trouver ailleurs en ville. Nous nous rendons donc sur le parking d’un autre centre commercial pour faire quelques courses. L’idée étant de tenter de dormir sur ce parking sécurisé et d’aller dans le centre commercial le lendemain. Après discussions, Manu obtient l’autorisation de rester pour la nuit auprès d’un gardien. Tant mieux car la ville d’Iquique est réputé pour ne pas être très sûre...

 

Le lendemain, nous fouinons dans le centre commercial et finissons par trouver la tablette espérée pour le plus grand bonheur de Youenn ! Nous profitons d’être ici pour faire quelques courses et aller dans le magasin SODIMAC (Castorama chilien). Et là nous tombons sur une super wifi qui nous permet de prendre des nouvelles de tout le monde. Comme nous captons le signal depuis le parking où nous sommes garés, nous décidons de rester un peu plus longtemps et de revenir plus tard afin de pouvoir faire quelques skype le jour de l’anniversaire de Youenn.

 

Le dimanche, nos courses terminées, nous profitons du calme ambiant pour visiter le centre-ville. Très sympa avec sa rue piétonne, sa grande place et son port. Nous visitons le théâtre municipal, vestige de la grande époque du port d’Iquique au début 19ème. Il a un peu vieilli et sent très fortement le chat mais c’est rigolo de se balader partout dans ce monument ! Nous continuons vers le port avec ses bateaux de pêcheurs, ses pélicans et son lion de mer avachi sur un ponton. La visite d’une réplique de l’Esmeralda, bateau mythique de la bataille du Pacifique entre chiliens et péruviens, nous tente bien. Mais il faut attendre 1h30 pour la prochaine visite alors nous passons notre chemin !

 

 

Le lendemain, c’est le jour tant attendu par Youenn. En ce 7 mars 2016, il entre dans sa treizième année et surtout il peut enfin avoir la tablette qu’il convoite depuis quelques temps ! Matinée tranquille à jouer avec son nouveau joujou et faire quelques skype. Le midi, nous avions repéré quelques restaurants dans le centre-ville. Nous nous faisons donc un repas d’anniversaire au resto ! Comme il m’est impossible de faire un gâteau sans four (quel dommage !) nous avons acheté des muffins au chocolat pour que Youenn puisse avoir son gâteau d’anniversaire. Selon le souhait de Youenn, l’après-midi sera consacré à la baignade. Nous allons sur la plage de Cavancha qui est idéale pour se baigner. Des vagues assez haute mais pas trop, juste ce qu’il faut pour quelques sensations fortes pour les loulous ! En soirée, nous allons nous garer en bord de mer pour profiter du soleil couchant sur le Pacifique : magnifiques ces couleurs orangées. Bon pendant la nuit nous profiterons également de la musique à fond des jeunes d’Iquique venus faire la fête en bord de mer, mais c’est une autre histoire...

 

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Ces bons moments passés, il faut quand même que nous nous préoccupions de ces histoires de vibrations du van. Nous nous rendons donc au garage Mercedes. Manu est accueilli par une personne qui lui explique qu’il n’y a pas de disponibilité pour regarder le van avant 3 ou 4 jours. Ça fait long, nous décidons donc d’aller en ville pour consulter d’autres garages. Sauf que tous nous renvoient vers Mercedes. Donc après une journée de recherche, nous voici de retour à la case départ. Après discussions, Manu réussi à avoir un rendez-vous avec un garagiste indépendant recommandé par Mercedes. Sauf que celui-ci n’a pas de garage et nous fixe rendez-vous pour regarder le véhicule sur le parking de la plage ! Il doit nous retrouver à 17h30. Nous nous garons, attendons, attendons, attendons... Finalement les enfants vont jouer sur la plage et nous décidons de bivouaquer sur le parking. Je commence à préparer à manger et qui arrive à 19h30 ? Le mécano... Bon comme il n’y a pas trop d’autre solution, nous ne l’envoyons pas sur les roses.

 

Il essaie de brancher son ordinateur sur le moteur sans succès et finalement ils partent avec Manu faire un tour pour essayer. Selon lui, c’est un problème d’injecteur et la réparation dépasse ses compétences. Il emmène Manu pour lui montrer un garage spécialisé dans la réparation d’injecteurs afin que nous puissions y aller le lendemain matin. Soit... Le lendemain matin nous allons donc au fameux garage (Bosch) et ils nous disent qu’ils peuvent réparer les injecteurs mais qu’ils n’ont pas le temps de les enlever ! On est bien avancés !!! Manu demande qui peut les enlever et on lui répond le mécano que nous avons vu la veille. Soit... Nous le recontactons et lui donnons rendez-vous à 13h sur le même parking. Bien évidemment il n’arrive qu’à 15h... Il inspecte le moteur et dit à Manu que ça va sûrement être compliqué car il va falloir enlever le moteur etc... Comme il n’a pas de garage, il va faire ça il ne sait pas trop où et il en a au moins pour 3 jours ! Manu ne le sent pas et après une discussion plus approfondie avec le mécano, celui-ci lui dit que ce serait peut-être mieux de voir avec le garage Mercedes !!! Et nous revoilà encore au point de départ après 2 jours...

 

Manu retourne donc au garage Mercedes et, après discussion, réussi à avoir un rendez-vous pour le lendemain matin, inespéré !!! Le van continue à vibrer avec la sensation que le phénomène s’empire et nous ne nous voyons pas quitter Iquique dans cette situation. Le lendemain, nous arrivons à 9h au garage. Nous nous installons tranquillement sur une table en terrasse avec wifi et café à volonté. On ne va pas se plaindre ! Le garage a l’air très sérieux mais nous avons un peu peur du coût des réparations. Les mécanos prennent le van pour contrôler l’ensemble du moteur car Manu préfère tout vérifier avant de les orienter vers les injecteurs. Nous les voyons partir faire un tour avec le véhicule. Nous trouvons qu’ils mettent beaucoup de temps pour cet essai. Au bout d’un long moment ils sont de retour et le mécano vient vers nous un peu gêné. Ils nous expliquent qu’ils ont tout vérifié dans le moteur et que tout est nickel, du coup ils ont fait un essai mais rien, pas de vibrations. Ils ont prolongé l’essai sans plus de succès, pour eux tout va bien !!! Ils vont quand même faire un tour avec Manu et effectivement, le moteur tourne au quart de tour ! Un mécano nous explique que c’est probablement une impureté qui était dans le gasoil et qui a fini par passer. Soulagement !!!

 

Dans le doute nous changeons le filtre à gasoil et c’est reparti. Bon en fait non, on se dit que pendant que l’on y était autant faire la totale, nous allons dans une station pour faire la vidange et changer le filtre à huile. Ah et j’ai oublié, la veille de nous rendre au garage Mercedes nous avions crevé ! Nous voilà donc parti pour changer également les deux pneus arrière. Sauf que dans la précipitation, Manu se trompe en notant les dimensions des pneus. Nous faisons le tour des vendeurs de pneumatique de la ville (et il y en a) sans trouver la bonne référence ! Le soir, un peu à bout, nous décidons de retourner sur le parking du centre commercial pour dormir (moins bruyant que la plage) en espérant que la nuit nous porte conseil. Ce sera le cas car Manu se dira qu’il a du se tromper quelque part et se rendra compte le lendemain matin de son erreur. Mais avant cela nous aurons le droit à un réveil en pleine nuit de la part des gardiens du parking. Il s’agit d’une autre équipe que la dernière fois et à 1h du matin, ils viennent toquer à la porte pour savoir ce que l’on fait là. Manu est obligé de sortir avec passeports et expliquer au chef que nous avions l’accord d’un gardien. Apparemment nous n’aurions jamais dû avoir le droit de dormir là mais comme le chef est sympa, ils posent plein de questions à Manu et finit par nous laisser passer la fin de la nuit sur le parking !

 

Le lendemain sera notre dernier jour à Iquique et heureusement. Nous avions conscience qu’Iquique était une grande ville avec de l’insécurité et nous avions eu écho d’agressions. Sauf que cette fois, nous avons pu le constater... En revenant de courses, Manu est tombé nez à nez avec un type qui courrait plus vite qu’Usain Bolt. Sur le coup il ne comprend pas mais deux secondes après déboule une fille qui crie au voleur ! Le type est déjà entré dans une voiture partie sur les chapeaux de roue. Il est midi et nous sommes sur le boulevard le plus circulé de la ville devant le supermarché... Après avoir trouvé nos pneus (beaucoup plus facile avec la bonne référence), nous cherchons un lieu pour les monter. Le vendeur nous a conseillé d’aller sur un des grands boulevards au garage « Condor ». En se garant, Manu doit faire attention à deux jeunes qui passent derrière le van. En fait ces deux jeunes se retrouvent deux secondes plus tard à détrousser un autre jeune en le menaçant avec un pistolet. Nous n’avons pas fini de nous garer et la scène se passe à quelques centimètres de nous. Tout va très vite, les voleurs repartent tranquillement et le jeune agressé n’ose même pas crier de peur de se faire tirer dessus. De notre, côté nous faisons demi-tour tranquillement pour nous rendre chez un monteur de pneus à l’autre bout de la ville... Une fois les pneus installés, nous ne faisons pas de vieux os et quittons la ville.

 

Au final, bilan mitigé d’Iquique. Nous sommes d’un côté heureux d’avoir trouvé la tablette de Youenn, pu nous baigner et solutionné le problème des vibrations. Mais c’est également la première fois que nous sommes confrontés de prêt à une agression avec une arme à feu...

 

La route de sortie nous mène 50 km plus loin, au milieu d’une zone désertique, au village fantôme de Humberstone. Construite au 19ème siècle pour l’exploitation du salpètre (nitrate de potassium qui servait d’explosif et d’engrais), cette ville a été l’une des plus riches du Chili. Elle s’est peu à peu développée et avec l’amélioration des conditions sociales des ouvriers, des équipements collectifs ont vu le jour : hôpital, théâtre et même piscine ! Sauf que le salpêtre naturel a été remplacé dans les années 1930 par des produits chimiques nettement moins cher... Et là catastrophe, en quelques dizaines d’années le village a été déserté. Il est aujourd’hui classé monument national au titre de son histoire et a fait l’objet d’une restauration. Il est donc possible de se promener dans cette ville fantôme, de rentrer dans les maisons, les monuments et d’accéder aux lieux de transformation du salpêtre.

 

Après avoir dormi sur le parking, nous partons de bon matin visiter ce lieu un peu déroutant. La visite est géniale, le site est très étendu et nous pouvons nous rendre compte assez précisément de la vie au début du 19ème siècle. Un vrai cours d’histoire grandeur nature ! Nous passons successivement dans la maison du médecin chef, dans des locomotives d’époque, dans l’église, le théâtre, le terrain de tennis du chef du village... Nous en profitons pour faire une petite brasse et un petit plongeon dans la piscine asséchée depuis plus de 50 ans. Des restes de machines ponctuent le site de transformation du salpêtre entre d’immenses hangars en tôle ondulée qui tiennent on ne sait trop comment... Auria a trouvé l’escalier qui monte au paradis et Youenn a longuement hésité avant d’investir dans sa première voiture. Le prix était intéressant mais il ne restait plus que la cabine de pilotage ! Nous profitons de l’école et de ses pupitres old time pour faite un peu l’école pendant que Manu tente désespérément de smatcher dans le panier de basket de la cours de récréation. Nous découvrons même des publicités en français vantant les mérites agricoles du salpêtre. Par désespoir, Auria se met à la machine à écrire en attendant ses 13 ans et sa tablette comme Youenn ! Et nous finissons la visite par une salle exposant des jeux d’époque : pistolets, épées ou accessoires de poupées en fil de fer, vieux ballons de football en cuir... Les enfants en reste pantois !

 

 

Bref une visite comme on les aime avant de partir vers l’extrême nord du Chili et la ville d’Arica.

 

 

 



17/03/2016
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