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Après avoir retrouvé les parents de Manu sur Cusco, nous commençons nos préparatifs pour le séjour en Amazonie. Nous laisserons le van au camping où nous sommes établis et passerons la nuit avant de prendre l’avion à l’hôtel. Mais avant, nous profitons de notre dernière journée sur Cusco pour visiter quelques-uns des musées compris dans les billets touristiques de la Vallée Sacrée que nous avons achetés. La plupart ne valent pas vraiment le coup. C’est par exemple le cas du museo de arte popular qui expose des figurines représentant des personnages costumés ou des figurines fabriquées avec des objets de récupération. C’est assez kitch et nous n’avons pas trop accroché. Le musée de sitio del Qoricancha présente un peu plus d’intérêt notamment la salle qui explique la déformation des cranes des nobles incas dès leur plus jeune âge. Ça fait froid dans le dos !

En fin de journée, nous visitons juste avant la fermeture le museo historico regional. La partie sur les peuples anciens et les incas est intéressante, par contre comme toujours nous ne sommes pas du tout sensibles à l’art des conquistadors. Très chargé et très orienté religion, nous passons ces salles assez rapidement ! Nous apprécions surtout de déambuler dans les rues de la ville qui malgré l’affluence reste très agréable.

   

Il est 17h et nous décidons de nous rendre à l’hôtel pour que tout le monde passe à la douche chaude et profite du wifi. De vrais parasites !!! Mais quel bonheur tout ce confort ! La salle de bain est quasiment aussi grande que l’intérieur du van où nous vivons à quatre depuis sept mois... Donc on ne se gêne pas ! Longue douche chaude et session ordinateur pour prendre des nouvelles du monde. En plus grand luxe, nous avons chacun une chambre : les parents d’un côté et les enfants de l’autre !

Nous retrouvons en soirée les parents de Manu qui reviennent enchantés du Machu Picchu. Ça donne envie... Nous allons en ville pour manger et rentrons tôt à l’hôtel pour nous reposer avant le grand départ du lendemain. Après une excellente nuit et un bon petit déjeuner, un minibus vient nous chercher pour aller à l’aéroport. Nous enregistrons nos bagages et montons à l’embarquement. Nous partons avec StarPeru à 10h mais aucun avion vers Puerto Maldonado n’apparaît sur l’écran d’affichage pour cette destination... Bon soyons patients, nous sommes en Amérique du Sud. Au bout d’un moment, nous allons nous renseigner et une hôtesse nous indique que le vol aura du retard. Au final nous décollerons avec 45 minutes de retard, ce qui semble être la règle sur ce vol. Juste pour l’anecdote car ça nous a bien fait rire, dans l’avion sont interdits : armes à feu, objets tranchants, objets explosifs et guitares !!!

Après une quarantaine de minutes d’avion, nous atterrissons sur le tarmac de l’aéroport de Puerto Maldonado. Il faut savoir que le temps s’était bien rafraîchi sur Cusco et que nous sommes partis assez couverts. Et bien quelle sensation de chaleur à la descente de l’avion ! Nous avons pris 20° et le taux d’humidité a grimpé en flèche... Nous récupérons les bagages et faisons la connaissance de Boris qui sera notre guide (francophone) pour le séjour. Transfert jusqu’au lodge Corto Maltès en minibus puis en pirogue. Et oui, le lodge est le long du fleuve Madre de Dios à environs un quart d’heure de pirogue de la ville. Nous apercevons en passant le nouveau pont qui permet de relier le Brésil au Pérou par la route. De Cusco à Puerto Maldonado il faut compter 10h de trajet pour descendre des Andes par une route certes asphaltée mais apparemment très dangereuse. Pour preuve, quelques jours avant notre arrivée, un car est tombé dans un ravin faisant une trentaine de morts...

Nous sommes accueillis au lodge par un jus de maracuya bien frais qui fait du bien car nous commençons à suer sans même avoir fait le moindre effort... Nous découvrons le lodge, petit paradis aménagé en lisière de forêt amazonienne sur les bords du fleuve. Il est constitué de 27 lodges indépendants, d’une partie restauration et d’une piscine !!! Après avoir pris nos quartiers et répartis les valises qui n’étaient pas arrivés dans les bons lodges, nous retrouvons Boris pour une petite balade.

Il s’agit d’un petit circuit à pied de quelques kilomètres qui va nous permettre de nous initier à la flore de la forêt amazonienne. Nous découvrons plusieurs espèces très intéressantes. Le palmier métal qui a les propriétés d’être ultra résistant et de faire un bruit de ferraille quand on tape dessus avec une machette ! Boris nous montre également une plante nommée « lève toi, lève toi » par les indigènes. Devinez quel médicament nous en avons tiré... Et oui, le viagra ! Je ne parle pas du palmier qui marche ou des immenses termitières. Nous croisons également quelques nids de tarentules et la fourmi « balla » qui porte ce nom car sa piqure fait aussi mal que l’impact d’une balle de pistolet ! Elle est énorme et nous n’avons pas souhaité tester... Bref une bonne première initiation à la forêt.

Ensuite, halte au lodge pour se prendre une douche... froide ! Et oui c’est rageant car il y a de l’eau chaude ici mais l’atmosphère est tellement étouffante que nous préférons nous doucher à l’eau froide (enfin tiède en fait car même l’eau n’arrive pas à se refroidir !). Puis nous profitons un peu de la piscine avant de repartir pour une virée nocturne en pirogue sur le fleuve pour essayer d’apercevoir quelques caïmans. Une personne éclaire avec un énorme projecteur les berges afin de débusquer un de ces sauriens. Visiblement nous ne sommes pas les seuls car nous croisons d’autres pirogues dans le même cas. Il y a onze lodges le long du fleuve et visiblement tout le monde propose un programme assez similaire. Nous finissons par trouver deux caïmans que nous pourrons approcher d’assez près. Par chance, il s’agit de deux espèces différentes : caïman à lunette et caïman nain (ou blond).

   

Nous rentrons au lodge pour le repas tout préparé avec service à l’assiette. Quel changement pour nous ! Nous nous laissons faire et profitons de ce luxe et de l’excellente cuisine qui nous est proposée. Nous profitons également de la compagnie des parents de Manu avec qui nous allons passer ces quatre jours. Après cette bonne journée et ce copieux repas, nous repartons dans nos lodges respectifs pour une dernière douche froide et une bonne nuit.

Le lendemain matin, réveil au petit matin car une grosse journée nous attend. Nous retrouvons Boris à 5h30 pour boire un café et manger une petite collation avant de monter dans la pirogue. Direction la réserve naturelle de Tambopata Candamo. Nous accostons et commençons par une marche de 3 km dans une allée très boueuse. Nous entendons des singes hurleurs au loin et avons même la chance d’apercevoir une femelle et deux petits dans un palmier dattier. Nous retrouvons les espèces vus la veille comme le palmier marcheur ou d’énormes ficus. Nous croisons des mygales à l’affut à l’entrée de leur terrier et des écureuils locaux qui sautent de branche en branche. Petite incursion dans un chemin qui s’enfonce un peu plus dans une partie marécageuse pour voir un groupe de perroquets et un dindon perché sur un arbre.

 

   

Nous arrivons ensuite au « port » où sont accostées les pirogues qui permettent de se déplacer, à la rame, sur le lac Sandoval. Ce dernier est un lieu hyper protégé de la réserve car il accueille des espèces en voie de disparition comme la loutre géante (que nous ne verrons pas). Nous voici de nouveau sur l’eau, tout d’abord sur un canal qui serpente dans la forêt. Ambiance amazonienne garantie ! Nous débouchons au bout de quelques minutes sur le lac. Quel plaisir de naviguer sans bruit sur ce lac magnifique au milieu de la forêt. Nous scrutons les abords du lac à la recherche de la faune cachée. Nous voyons différentes espèces d’oiseaux : poules d’eau, hérons mais aussi un oiseau « préhistorique ». Il a vraiment une tête étonnante et son surnom vient du fait que ces petits naissent avec des griffes au bout des ailes ! Il y en a plein autour du lac, cela s’explique par le fait qu’il sente très mauvais et que sa viande est infecte, du coup il n’est pas chassé...

Boris nous explique également que le lac est peuplé de nombreux poissons dont les piranhas et les anguilles électriques. Apparemment il est quand même possible de se baigner, mais il est conseillé de faire beaucoup de bruit et de remous avant de mettre les pieds dans l’eau ! Nous passons notre tour... D’autant plus qu’au détour d’un petit canal, nous tombons sur un énorme caïman d’une longueur d’environ 3,5 m. Nous nous approchons et il finit par fuir, sa respiration continuant à produire des bulles qui remontent à la surface à proximité de la pirogue... Nous continuons à profiter avec les parents de Manu de ces moments magiques et de la faune qui borde le lac. Nous tombons sur une petite colonie de chauves-souris accrochées à un tronc de palmier. Visiblement pas celles que Manu a l’habitude de recenser en France !

Jusqu’à maintenant Boris pagayait seul mais Youenn et Auria ont très envie d’essayer. Alors chacun leur tour ils prennent un cours de navigation à la rame. Boris est super patient avec les enfants qui du coup n’arrêtent pas de le coller ! Nous nous arrêtons au bord du lac pour prendre notre vrai petit déjeuner. Une communauté vit sur le secteur et accueille même des touristes mais il semblerait que l’hébergement soit plus rustique que dans notre lodge de luxe...

   

Il est temps de faire demi-tour et nous continuons à découvrir de nouvelles espèces comme ces tortues d’eau qui se dorent la pilule au soleil (même si le temps est assez couvert). Retour sur la terre ferme pour reprendre le chemin en sens inverse. On croise des lianes balançoires, des lianes en forme de serpent, une grenouille qui niche dans une tige de bambou... la nature comme on l’aime !

Nous revenons pour le déjeuner au lodge où nous profitons ne nouvelle fois de la très bonne cuisine. Rien n’est prévu l’après-midi et nous en profitons pour piquer une tête dans la piscine. Les loulous sont aux anges, ils peuvent passer du temps avec leur papy et leur mamie à jouer et discuter dans l’eau. Avant que le soleil ne se couche, nous décidons d’aller faire un tour sur un mirador érigé à quelques minutes de marche du lodge. Nous espérons voir la faune qui transite en fin de journée au-dessus de la canopée. Après avoir grimpé tout en haut à 40 m d’altitude, bravo à Françoise qui a vaincu son vertige, nous profitons de la vue magnifique sur les alentours et le soleil couchant. En revanche, côté faune nous somme un peu déçu. Il ne se passe pas grand-chose et nous revenons un peu bredouilles !

   

Le lendemain matin, nous avons mis le réveil à 5h car nous devons aller sur un site où les perroquets se rendent très tôt. Sauf que durant la nuit, un orage éclate et qu’une pluie soutenue tombe pendant plusieurs heures. Boris à la gentillesse de passer nous prévenir à notre réveil que nous pouvons nous rendormir car la météo n’est pas de la partie. Nous prolongeons donc notre nuit jusqu’au petit déjeuner. Nous partons ensuite une nouvelle fois en pirogue pour aller rencontrer une communauté de « natifs » vivant sur les bords du fleuve et ayant conservé un mode de vie semi-traditionnel.

Boris est honnête et nous prévient que les personnes que nous allons rencontrer ne vivent plus vraiment comme avant et qu’ils adoptent progressivement un mode de vie plus occidental, pour leurs vêtements notamment. Nous ne raffolons pas de ce type de spectacle qui met en scène le « bon indien » mais bon nous allons jouer le jeu. Nous nous installons sous un toit de chaume avec d’autres groupes de touristes et le chef de la communauté nous fait un petit discours pour nous souhaiter la bienvenue. Cette rencontre comporte plusieurs « ateliers » ayant pour but de nous montrer un échantillon de la culture de la communauté visitée. Cela commence par une session musique avec la femme du chef qui entonne un chant et son père qui joue plusieurs instruments. Nous avons le sentiment un peu gêné d’être dans une position assez voyeuriste...

Nous sommes ensuite entrainés dans une danse par le chef. Il s’agit d’une sorte de queue leu leu où chacun se tient la main. La présentation se poursuit avec deux ateliers plus sympas car permettant un peu plus d’échanges. Le premier consiste à faire des batailles de toupies en bois lancée grâce à un fil enroulé. Chacun son tour d’essayer. Loïc et Youenn s’en sortent très bien, les autres ont besoin d’un peu plus de temps pour prendre le coup de main. Nous enchainons avec le tir à l’arc. Celui-ci ainsi que les flèches sont fabriqués à partir du palmier métal, patiemment raboté avec des mandibules de sanglier... Le jeu consiste à viser un poteau et si possible une tâche rouge peinte à hauteur du cœur. Là encore, Youenn s’en sort très bien. Il épate même le père du chef de la communauté et tirant une flèche en plein dans la tâche rouge ! « En el corrazon, en el corrazon » répète l’ancien ! Nous finissons évidemment par une session achat d’artisanat... Les loulous reviendront chacun avec une toupie !   

   

Après une descente un peu périlleuse dans la boue sur les bords du fleuve, nous remontons dans la pirogue direction un verger. Laissez tomber votre image traditionnelle du verger, nous sommes au Pérou en forêt amazonienne. Ici les arbres poussent en liberté et il n’y a pas vraiment d’entretien. Le gardien du site a 93 ans et face à la végétation tropicale, il ne peut pas faire grand-chose ! Nous déambulons entre les arbres et Boris nous fait découvrir les différentes variétés de fruit de la forêt : citron (amer et sucré), orange (qui se mange avec la peau verte ici), cacao, manguier... Auria repart déguisée en princesse amazonienne avec sa feuille et sa fleur de bananier pour parure !

   

Nous avons tout juste le temps de manger avant de nous rendre sur l’île aux singes. Plantée au milieu du fleuve, elle accueille une colonie de capucins qu’il est possible d’observer d’assez près. La présence de singes sur cette île n’a rien de naturel. Des scientifiques les ont amenés il y a quelques années mais les inondations successives de l’île les ont obligés à déserter le site. Les singes eux sont restés. Initialement il y avait plusieurs espèces (singe araignée et hurleur notamment) mais les capucins les ont tous tués...

Nous débarquons donc sur la plage de sable qui borde l’île et entrons dans la forêt. Nous arrivons sur un lieu où sont arrêtés d’autres groupes de touristes. Un des capucins est présent et attend les offrandes en bananes et autres fruits. Tout ça n’a rien de bien naturel mais nous avons la possibilité d’observer ce singe à loisir. Boris nous explique que les guides viennent à présent avec des fruits car une fois les singes, très territoriaux, ont repoussés les touristes en se montrant agressifs. Amener des fruits permet donc une sorte de paix sociale : nous nous laissons observer si vous amenez à manger !

   

Nous passons une nouvelle fois la fin d’après-midi à nous reposer et à profiter de la piscine. La visite à la Collpa des perroquets est reportée au lendemain, avant de retourner sur Puerto Maldonado et de prendre notre vol retour vers Cusco. Nous profitons de cette dernière soirée avec les parents de Manu en dégustant un pisco sour au bar.

Pour notre dernier jour, nous sommes debout aux aurores et prenons la direction de la forêt. Boris veut tout d’abord nous emmener à un mirador, plus loin dans la forêt et plus haut que celui où nous étions allés. Nous gravissons les 50 m qui nous séparent de la plateforme aménagée dans un énorme ficus. Et nous scrutons l’horizon. Nous verrons quelques oiseaux dans les branches toutes proches et des toucans au loin. Nous pensions voir plus d’oiseaux dans les arbres mais ils se font assez discrets...

Nous redescendons pour filer vers la collpa des perroquets. Il s’agit d’un lieu où ils viennent ingurgiter de l’argile pour se débarrasser des toxines ingérées. Paradoxalement, ces oiseaux colorés voient... en noir et blanc ! De ce fait, ils ont bien du mal à reconnaître les fruits qu’ils ingurgitent et parfois se trompent. Ils doivent donc tous les jours suivre ce rituel bien organisé. Les perroquets sont essentiellement verts et se confondent généralement bien avec la végétation de la forêt. Mais sur l’argile marron leur camouflage perd de son efficacité et ils deviennent des proies faciles pour leurs prédateurs. Des guetteurs sont donc chargés d’avertir les autres en cas de danger. Nous approchons donc silencieusement et restons à distance respectable cachés derrière un observatoire aménagé. Il y a des dizaines de perroquets accrochés aux lianes ou à la falaise d’argile. Nous arrivons pile au bon moment pour les observer et au bout d’une dizaine de minutes, d’un coup d’un seul, la nuée de perroquet quitte le site.

   

Nous retournons au lodge prendre le petit déjeuner et finir nos valises. Trajet en pirogue jusqu’à Puerto Maldonado où nous avons un peu de temps pour visiter le marché. Là encore, ça fait un peu bizarre de visiter le marché où d’habitude nous allons faire nos courses. Nous suivons Boris qui s’arrête devant certaines étales pour nous présenter certains produits locaux comme la noix du Brésil. Nous croisons également quelques piranhas en décoration ou à déguster ! Les étales débordent de fruits divers et variés, ça donne envie...

Nous quittons finalement Boris à l’aéroport. Les loulous sont tristes car pendant ces quelques jours ils s’étaient attachés à notre guide qui a vraiment été adorable avec eux. Nous avons beaucoup apprécié sa gentillesse, son sens de l’humour et ses connaissances. Mais c’est le voyage !

Nous arrivons au guichet pour nous faire enregistrer et c’est un pataquès incroyable pour réussir à avoir nos cartes d’embarquement. Un vrai sketch ! Nous montons finalement dans l’avion avec les parents de Manu. Nous sortons à Cusco et eux continuent vers Lima pour revenir en France. Nous nous disons donc au revoir dans le couloir central de l’avion... Nous les remercions encore mille fois pour cette excursion fantastique et les moments passés ensemble. Nous les reverrons dans quatre mois mais ces quelques jours nous ont requinqués pour finir le voyage en beauté !