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Le Nord Pérou

Dimanche 15 mai 2016, nous arrivons en soirée aux abords de la ville de Casma à proximité de laquelle se situe le site archéologique de Sechin. Le secteur est réputé comme étant assez peu sûr pour les voyageurs avec des agressions et vols commis le long de la Panaméricaine. Nous décidons donc de nous arrêter un peu avant ce grand axe pour dormir sur la place d’un petit village. Visiblement il n’y a pas souvent du monde à s’arrêter ici car nous sommes un peu l’attraction du village et surtout des enfants qui nous posent mille questions ! Comme souvent, musique à fond jusqu’à assez tard dans la nuit mais bon, il y a du monde, nous sommes donc en sécurité...

 

Le lendemain, nous parcourons les quelques kilomètres pour aller visiter Sechin. Je ne me sens pas bien du tout et je préfère rester dans le van à me reposer. Manu et les loulous se rendent tout d’abord dans le musée, qui est d’après eux un peu vieillot. Ils se rendent ensuite au niveau du complexe archéologique en lui-même. Le site est assez restreint et les fouilles semblent encore en cours.

 

En revanche, le mur d’enceinte d’une sorte de temple a été totalement dégagé et offre un superbe spectacle. Des têtes et personnages sont gravés sur l’ensemble des pierres et le tout est vraiment impressionnant. On sait peu de choses à ce jour sur ce site mais on pense qu’il s’agit d’une culture assez guerrière datant de 1 000 avant JC. Quand on observe ces bas-reliefs, difficile d’en douter... Têtes tranchées d’où sortent un fluide (âme, force, sang ?) et guerriers armés ornent l’ensemble des murs. Ils ont tous des têtes un peu patibulaires qui inspirent Youenn et Auria cherchant à imiter leur faciès...

 

Un petit sentier permet de prendre de la hauteur mais il n’apporte pas grand-chose, l’intérêt du complexe archéologique résidant essentiellement dans les pétroglyphes ornant les bas-reliefs. Et quelle chaleur !

 

 

Retour au van pour tout le monde et comme je ne vais vraiment pas mieux, nous décidons de faire une trentaine de kilomètres pour passer le reste de la journée dans le petit village de Tortugas sur la côte pacifique. En pleine saison, celui-ci doit être bondé mais là il n’y a quasiment personne. Manu et les loulous vont se faire une petite balade en bord de mer pendant que je continue à me reposer... Ils profitent du spectacle des fous, pélicans, sternes et vautours qui peuplent la baie. Rencontre de Georges, péruvien qui vit dans le village et dont la fille est mariée à un français !

 

L’après-midi, Youenn et Auria tentent une baignade mais l’eau est fraiche en cette saison et le courant assez fort... Du coup ils ne vont pas trop loin et jouent surtout avec les coquillages ! L’après-midi se déroule tranquillement et nous voyons Georges qui vient nous apporter des boites d’Anchovitas (petites sardines pêchées sur la côte péruvienne) et qui revient un peu plus tard pour nous apporter des bananes ! Vraiment sympa ! Nous profitons du coucher de soleil et d’une nuit bien tranquille pour nous reposer.

 

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Le lendemain matin, nous reprenons la Panaméricaine direction la ville de Trujillo plus au Nord. Pour la seconde fois nous nous faisons arrêter par un flic véreux. Cette fois-ci, il prend le prétexte de nos réflecteurs qui ne seraient pas aux normes péruviennes. Au bout d’un moment il nous demande 100 dollars, puis 20 dollars, puis comme nous ne lâchons rien, il nous laisse partir. Nous héritons en passant d’une autostoppeuse qui attendait au barrage de police. Celle-ci n’arrête pas de nous dire de faire très attention car le coin n’est vraiment pas sûr... Pas très rassurant !

 

Avant d’arriver à Trujillo, nous faisons escale au niveau des sites archéologiques de Huaca de la Luna et Haca del Sol (temple de la lune et du soleil). Il s’agit d’édifices de la culture Moche (prononcez Motché...) datant de 100 av JC à 800 ap JC. Encore une fois, je suis clouée au lit car mon ventre continue à faire des siennes et je n’ai rien mangé depuis hier. Manu, Youenn et Auria commencent par faire un tour dans le musée, et là ils restent scotchés par les céramiques Moche. Stupéfiant de finesse et de diversité. Le musée est passionnant et permet de bien comprendre cette riche culture. Pour faire simple, le site est composé de trois ensembles : le temple de la lune (cérémoniel et politique), le temple du soleil (administratif et politique) et entre les deux la ville qui rassemblait de nombreux artisans très talentueux. Les terres irriguées par le rio Moche et la mer toute proche permettaient d’alimenter tout ce petit monde (environ 40 000 habitants !).

 

Dommage qu’il soit interdit de prendre des photos car le musée expose les plus belles céramiques que nous ayons vues depuis le début du voyage. Auria est totalement sous le charme ! Nous passons des vases cérémoniels aux dessins et peintures magnifiques à des têtes extrêmement expressives en passant par toutes sortes d’animaux. Nous en apprenons également plus sur la culture Moche (aussi appelée Mochica) et notamment sur les rites sacrificiels. Des guerriers combattaient sur une esplanade surélevée du temple de la lune et le vaincu était ensuite préparé pour être sacrifié !

 

Après cette visite passionnante, il est temps d’aller voir le site en lui-même... Seule le temple de la lune se visite avec un guide. Faute de subventions, le temple du soleil et la ville ont fait l’objet de très peu de fouilles et il reste beaucoup à apprendre. L’ensemble archéologique est localisé au pied du Cerro Blanco (la colline blanche) qui constituait un lieu symbolique important pour les Moches : le lien entre terre et ciel...

 

Manu et les loulous entrent dans le temple en lui-même, protégé par des structures faites de bric et de broc, il est constitué de cinq étages pyramidaux différents. En fait, tous les 100 ans environ, les Moches construisaient un nouveau temple par-dessus l’ancien qui était comblé de terre. La visite passe tout d’abord par l’esplanade où avaient lieu les sacrifices, au pied du Cerro Blanco. Les squelettes de 70 hommes ont été retrouvés sur ce lieu. Les archéologues pensent qu’une importante vague de sacrifice a eu lieu autour de l’an 600, début du déclin de la culture Moche. En effet à cette époque, le phénomène climatique El Nino aurait provoqué des pluies torrentielles provoquant de grandes inondations. Les prêtres Moche ont alors réalisé de nombreuses cérémonies pour calmer la fureur des Dieux mais bizarrement sans succès... Du coup leur pouvoir a été remis en question et tout est parti en cacahuète !

 

La visite se poursuit par les murs peints du temple. La figure du Dieu de la montagne revient assez souvent. Du haut de la Huaca de la Luna, nous avons une vue sur le temple du soleil, qui ressemble de loin à une colline sableuse, la vallée du rio Moche et la ville de Trujillo. Après une petite incursion dans le temple même, Manu et les loulous parviennent à l’entrée principale composée d’une grande rampe d’accès et d’un mur en escalier peint de motifs de la vie quotidienne. Le guide présente également un pan de mur décoré d’une superbe fresque. On y retrouve tous les éléments de la culture Moche : constellations, guerriers sacrifiés, animaux... Visite très intéressante !

 

 

En soirée, nous continuons la Panaméricaine et décidons de passer la ville de Trujillo pour aller dormir sur le bord de mer dans la capitale du surf au Pérou : Huanchaco. Magnifiques vagues interminables sur lesquelles glissent des surfeurs qui ont plutôt des têtes d’occidentaux ! Avec le récent séisme en Equateur et ses répliques, nous préférons prendre un peu de hauteur et dormir sur le parking de l’église qui domine la ville. Le risque de tsunami n’est pas anodin dans le coin et nous préférons jouer la carte de la sécurité ! Le prêtre nous donne en plus sa bénédiction pour bivouaquer ici alors...

 

Le lendemain, nous décidons d’aller faire un tour dans Trujillo. Je ne suis pas encore très bien mais j’ai envie de prendre un peu l’air. Manu commence par aller faire des courses au centre commercial. A son retour, il découvre garé derrière nous un autre Sprinter français ! Mais celui-ci est 4x4, exactement le véhicule avec lequel nous rêvions de partir mais qui était hors budget ! Le temps de ranger les courses et nous voyons arriver Alain et Françoise, les heureux propriétaires de ce van. Ils nous confirment l’insécurité de la ville : ils se sont fait dévaliser la veille la totalité de leur véhicule pendant qu’ils étaient partis faire une piqure à l’hôpital... Bien sûr personne n’a rien vu et ils se retrouvent sans rien ! Nous faisons connaissance de ce couple de jeunes retraités très sympas partis pour un tour du monde sur une durée indéfinie. Cela fait deux ans qu’ils sont partis d’Amérique du Nord !

 

Après cette agréable rencontre, nous nous dirigeons vers le centre-ville pour manger un bout et découvrir les jolis bâtiments coloniaux. Nous nous garons dans un lieu sécurisé et partons serein en balade. Je ne suis vraiment pas en forme mais j’ai très envie de prendre l’air alors je viens aussi... Repas copieux (sans moi) dans un petit resto et nous déambulons pour admirer les bâtiments colorés de la plaza de armas et de ses alentours. La cathédrale jaune et blanche est vraiment sympa, dommage que nous ne puissions pas entrer...

 

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Le reste de l’après-midi est consacré au changement de nos pneus avant et à une session Internet dans le centre commercial où nous avions fait les courses le matin même. Pour l’anecdote, Manu se rend dans un des cafés pour mettre à jour le blog quand une file de dizaines d’étudiants se forme à la caisse. Pourquoi dans ce café, on ne le saura jamais. En tout cas, chacun d’eux connecte son téléphone au Wifi qui du coup se trouve saturé et ne fonctionne plus ! Obligé d’aller boire un autre café ailleurs pour réussir à finir l’article du blog...

 

En soirée, retour à l’église de Huanchaco où nous retrouvons Alain et Françoise qui ont également décidé de dormir ici. Ils nous racontent qu’ils ont croisé un couple qui s’était fait tagué leur véhicule pendant la nuit en dormant près de la plage... Nous passons la fin de journée à discuter et échanger nos anecdotes et bons plans.

 

Le lendemain, nous poursuivons notre circuit « découverte des cultures pré-incas de la côte Pacifique » en nous rendant sur le site de Chan Chan. Il a été construit par la culture Chimu (prononcez Chimou). Bon, je vois bien les plus tordus d’entre vous commencer à s’interroger : moches, chie mou... ils avaient de drôles de nom ! Certes leurs noms ne leur rendent pas hommage mais pourtant ce sont vraiment des cultures passionnantes. Les  « chient mou » ont succédé aux « moches » suite aux ravages provoqués par El Nino. Ils se sont rapprochés de la côte et ont construit le plus grand complexe en adobe d’Amérique du Sud. Les Moches construisaient un nouveau temple tous les 100 ans et bien les Chimus reconstruisaient eux une nouvelle « citadelle» à la mort de chaque souverain. Pour l’anecdote, celui-ci était dénommé le grand Chimou (et non le « grand qui chie mou », bande de tordus !). Quand on sait que chaque citadelle accueillait environ 800 personnes et qu’à la mort du souverain, toute sa cours était sacrifiée et enterrée avec lui, ça laisse perplexe !

 

Sur les conseils de nos amis Mollas, nous nous faisons accompagner par un guide car le site ne présente aucun panneau explicatif... Me sentant un peu mieux, je décide de prendre part à la visite. Sur les neuf citadelles de l’ensemble Chan Chan, une seule a été fouillée et restaurée, la huitième appelée Nik An. Nous entrons par la seule ouverture de l’ensemble, constituée d’un passage étroit entre deux immenses murs d’adobe.

 

A l’intérieur, un dédale nous amène sur une grande place où les nobles et religieux assistaient à des cérémonies pendant lesquelles apparaissait le grand Chimu. Une frise composée d’écureuil recouvre une partie du mur qui entoure cette place, la queue de l’écureuil guidant le regard vers le grand Chimu. Auria s’amusera plus tard à reproduire cette image en ++ (jeux de construction)... Nous poursuivons par un couloir aux murs toujours couverts de motifs évoquant cette fois ci des filets de pêche et des poissons. Nous parvenons dans un lieu de prière constitué de plusieurs petites salles et d’un véritable labyrinthe. L’érosion aillant eu raison d’une partie des cloisons, nous avons une vue d’ensemble qui nous permet d’apprécier les différents motifs qui recouvrent le site : pélicans, poissons, formes géométriques stylisées... Des niches accueillaient à l’époque des statues de bois dont très peu ont été retrouvées.

 

Nous accédons ensuite à la partie de la citadelle dédiée au souverain et à sa cour. A sa mort, une immense tombe a été construite afin d’accueillir sa dépouille, celles de ces serviteurs et les offrandes qui vont avec. Nous finissons le tour par une immense piscine creusée dans le sol qui servait de réservoir d’eau et de lieu de cérémonie nocturne. En effet, les Chimus vénéraient la lune et celle-ci se reflète la nuit sur la surface de cette ancienne étendue d’eau aujourd’hui drainée.

 

Un second site, la Huaca d’Esmeralda, est également compris dans le billet d’entrée. Nous allons y faire un tour mais il présente beaucoup moins d’intérêt. En pleine urbanisation, il est entouré de murs et nous avons eu un peu de mal à trouver l’entrée. En fait le gardien dormait ! Et nous avons dû crier pour qu’il nous entende et ouvre la grille... Ce temple, à l’époque accessible au peuple (contrairement aux citadelles réservées aux nobles et religieux), est moins travaillé et moins bien conservé. L’intérêt principal réside dans les chiens péruviens (appelés perros peruvianos) qui gardent le site. Cette race n’a quasiment pas de poils, sauf une crête sur la tête qui lui donne des allures de skinhead ! Il n’empêche que des ossements attestent de la présence de ce chien au Pérou il y a près de 4 000 ans !

 

 

Dans l’après-midi, nous poursuivons notre chemin vers le nord en bifurquant vers les montagnes et la ville de Cajamarca. Nous débutons la route qui monte vers ce lieu mythique où a été tué le dernier des empereurs incas par les espagnols... Après le désert, nous longeons des champs de canne à sucre puis de riz pour prendre un peu d’altitude. Nous passons à proximité d’un immense barrage et nous nous arrêtons dormir sur la place d’un village. Un policier nous apprend que la route vers Cajamarca est peut-être coupée car il y a eu un effondrement et des travaux sont en cours. Nous nous renseignerons le lendemain dans la ville suivante et on nous répondra comme d’habitude que nous tout va bien, la route est « normale »... Et effectivement, nous passons sans problème.

 

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Nous arrivons pour midi sur Cajamarca. Nous nous garons et partons visiter la ville à pied. Même si je ne tiens pas une forme olympique et que j’ai encore bien du mal à manger, je pars avec Manu et les loulous marcher à mon rythme. Nous arrivons sur la place principale et découvrons les façades très ouvragées de la cathédrale Santa Catalina et de l’église San Francisco. La cathédrale ne dispose pas de clocher car lors de sa construction, les espagnols prélevaient une taxe sur les monuments terminés. Pas de clocher, pas de taxe !

 

Nous partons ensuite à l’assaut du Cerro Santa Apolonia. Des marches conduisent en haut de cette colline qui domine la ville et offre un panorama à 360°. Malgré ma petite forme, j’arrive au bout de ce petit relief ! Petit tour dans les boutiques d’artisanat en redescendant mais nous accrochons moins qu’avec celui du sud Pérou. Pourtant les gens du coin sont parés de très beaux habits et de magnifiques chapeaux de paille...

 

Nous continuons par la visite du Complejo Belen. Il s’agit d’une église et d’anciens hôpitaux reconvertis en musées. Bon rien d’exceptionnel mais les bâtiments sont sympas. Les gardiens du site sont un peu spéciaux par contre. Nous réveillons la dame qui poinçonne les billets et une fois passés, celle-ci se rendort sur son bureau ! Un monsieur chargé de surveiller l’ancien hôpital pour homme nous indique une pièce et nous demande au passage une pièce pour les trois mots qu’il vient de prononcer !

 

En revanche, le billet donne aussi accès à un lieu mythique : El Cuarto del Rescate (la salle de la rançon). Ce serait ici que l’Inca Atahualpa fut emprisonné par les espagnols et ce serait également la pièce où fut stocké le butin récolté par les incas en contrepartie de la libération de leur chef. L’architecture de la pièce rappelle sans nul doute les bâtiments vus sur Cusco avec ces énormes blocs de pierre taillés au millimètre. Au fond de la pièce, on distingue même un trait rouge qui correspondrait à la hauteur indiquée par Atahualpa pour indiquer le niveau de remplissage de la pièce en or et en argent...

 

A l’entrée de ce lieu haut en histoire, deux tableaux évoquent des scènes de l’époque. C’est rigolo de voir à quel point l’empereur paraît fort et fier alors que les espagnols sont dépeints comme avides et cupides... En tout cas, l’histoire retiendra qu’à leur arrivée, les espagnols avaient demandés à l’Inca et à son peuple de venir sans armes sur la place de la ville pour discuter. Les conquistadors, en plus petit nombre, sont bien évidemment venus armés et ont capturé l’Inca. Celui-ci a défini le montant de sa propre rançon en or et en argent (comme expliqué avant). Les espagnols ont bien mis la main sur une partie du magot mais prenant conscience du prestige d’Atahualpa, ils ont fini par l’exécuter ! Suite à cet acte de barbarie, les incas auraient jeté le reste de la rançon dans un lac d’Equateur. Celle-ci n’aurait à ce jour jamais été retrouvée...

 

A notre sortie d’El Cuarto del Rescate, la pluie se met à tomber. Nous espérons croiser une moto taxi (tuc-tuc semblable aux taxis asiatiques) pour rentrer mais comble de malchance, nous n’en voyons pas ! Nous retournons au van à pied en profitant au détour d’une rue d’un magnifique arc en ciel. Encore plus beau vu d’un pont qui enjambe un ruisseau couvert de détritus... Le Pérou en une image, une nature magnifique mais des villes drôlement sales ! 

 

 

En rentrant, nous faisons quelques courses et dormons près du centre commercial. Réveil assez tôt le lendemain pour profiter de la journée. Comme le temps vire à la pluie l’après-midi, il est mieux de visiter les sites le matin. Petite pensée pour Nono qui fête aujourd’hui ses sept ans ! Nous prenons la piste qui monte jusqu’à celui de Cumbe Mayo et offre une très belle vue sur la cuvette où se loge Cajamarca. Nous observons également « Los Frailes », des pitons rocheux qui, avec beaucoup d’imagination, font penser à des prêtres en procession... Nous atteignons enfin une petite vallée qui était peuplée il y a plus de 3000 ans par un peuple qui a laissé quelques traces de son passage. Un sentier permet de déambuler dans le vallon et de découvrir ces vestiges.

 

En premier lieu, nous arrivons sur un sanctuaire avec une cuvette taillée dans la roche et remplie d’eau. Elle est surmontée de pétroglyphes taillés dans la roche. Au lieu de contourner cet ensemble rocheux, nous le traversons par un tunnel ! Un peu étroit mais globalement ce n’est pas la surcharge pondérale qui nous guette donc pas de problème... Une fois de l’autre côté, nous poursuivons le cheminement parsemé d’autres pétroglyphes et d’abris rocheux. Nous profitons également d’une belle vue sur la petite vallée et les éperons rocheux, malgré un vent bien frais !

 

Nous descendons vers le principal intérêt de Cumbe mayo (qui signifie « canal bien fait ») : son canal aménagé dans la roche. Nous longeons cet ouvrage qui franchit même un cours d’eau via un tout petit pont assez semblable à un aqueduc miniature. Plus en amont, nous découvrons plusieurs zigzags taillés dans la roche. Pas évident à réaliser avec les outils rudimentaires de l’époque ! Nous passons devant une pierre en forme de cylindre qui était utilisée comme lieu de sacrifice. Nous avons tenté d’y égorger Youenn mais manque de bol, nous avions oublié le couteau... Ce sera pour une autre fois !

 

Nous continuons notre cheminement le long du canal qui est vraiment taillé au cordeau et sacrément bien conservé depuis 3000 ans ! Retour en van, en faisant attention aux chiens car c’est ici que Françoise (rencontrée à Trujillo) s’est fait mordre par l’un d’eux. En redescendant vers Cajamarca, les loulous prennent un cours d’agriculture médiévale : labour avec charrue et bœufs sur des parcelles plus que pentues !

 

 

En cette fin de matinée, nous traversons Cajamarca pour nous rendre aux Ventillas de Otuzco. Une partie de la ville est construite sur des parties très pentues. En suivant les conseils du GPS, nous nous retrouvons dans une ruelle avec une pente vertigineuse puis face à un... escalier ! Bon, demi-tour et dorénavant, on ne suit que la rue principale !

 

Une fois Cajamarca traversé, nous prenons une route qui serpente dans une petite vallée assez peuplée. Nous arrivons au site des Ventillas de Otuzco mais difficile de se garer car aucun stationnement n’a été prévu... Nous pensions y manger, pas grave, nous continuons un peu pour nous garer plus loin sur un bas-côté. Après le déjeuner, demi-tour et nous stationnons moitié sur la chaussée, moitié sur le bas-côté afin de partir découvrir ce site funéraire daté de 800 ap JC. Impressionnante cette falaise transformée en gruyère par 337 niches où étaient vraisemblablement déposés des morts. Petit tour pour apprécier ce cimetière taillé à même la roche. En y regardant de plus près, des différences de traitement apparaissent, une des niches ayant même la forme d’une maison...

 

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Après ces deux visites, nous décidons de prendre la route des Banos del Inca (bains de l’inca) tous proches. Ce lieu est renommé car l’Inca Atahualpa y aurait séjourné avant de se faire séquestrer par les espagnols. Je me sens toujours en petite forme, Manu et les loulous vont repérer les lieux sans moi. En fait il y a une piscine en face des banos qui semblent plus intéresser Youenn et Auria. Sauf que le temps de se changer et la pluie se met à tomber ! Comme tout le monde est un peu fatigué, ce sera sieste générale ! Au réveil, le temps n’est pas plus encourageant... Nous sommes samedi et il nous reste une demi-journée d’école à faire avant la fin de la semaine, donc on sort les cahiers ! Nous dormirons sur le parking des termes en craignant une nuit bruyante mais en fait elle fut parfaitement calme...

 

Le lendemain matin, dimanche 22 mai, nous décidons de quitter la région de Cajamarca pour retourner sur la côté et avancer vers l’Equateur. Initialement, nous avions prévu de continuer par les Andes mais des voyageurs rencontrés précédemment nous ont mis en garde sur une piste entre Pérou et Equateur. Par temps humide, celle-ci n’est praticable qu’en 4x4, et encore... Comme ils annoncent de la pluie quasiment tous les jours la semaine suivante sur cette région, nous préférons par prudence faire demi-tour et passer par la Panaméricaine...

 

Nous redescendons par la même route qu’à l’aller, scène de vie quotidienne: toujours les travaux car la route s’est effondrée, décharge à ciel ouvert sur des kilomètres le long de la Panaméricaine, cochon vivant transporté à l’arrière d’un tuc-tuc... Normal quoi !!!

 

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La route nous mène au dernier site archéologique que nous visiterons au Pérou : le musée et le complexe de Sipan. Dans ce lieu ont été retrouvées plusieurs tombes de l’époque Moche d’un intérêt historique exceptionnel. La plus connue étant celle du seigneur Sipan en personne. Comme toujours, nous commençons par le musée pour bien comprendre le site que nous allons voir. Celui-ci est vraiment très bien fait. La première partie reprend l’histoire des cultures qui se sont succédées en mettant en parallèle le Pérou et la région de Sipan. C’est super pour nous car ça met de l’ordre dans tout ce que nous avons vu précédemment : Moche, Wari, Chimu, Incas... Les explications sont accompagnées de quelques exemples d’artisanat très bien choisis pour chaque culture. Petit film sur la découverte du site et ensuite plusieurs salles exposent une partie des vestiges retrouvés dans les différentes tombes du site. Chacune des tombes étant également reproduite au centre de la pièce concernée. Nous sommes toujours impressionnés par la finesse de l’art Moche ! Là encore des animaux sont représentés, surtout des hiboux qui étaient l’emblème de Sipan.

 

Après cette super visite, nous passons au site archéologique. Les excavations correspondant aux tombes retrouvées sont accessibles depuis un petit sentier. Chaque lieu funéraire a été reproduit ici tel qu’il a été découvert. Nous découvrons ainsi les différentes sépultures : le seigneur Sipan, un religieux, un vieux seigneur, tous accompagnés des offrandes déposées dans leur tombe. Nous poursuivons vers les anciens temples construits en terre et aujourd’hui très érodés. En montant, nous bénéficions d’une vue sur la vallée toute verte qui tranche dans les pentes arides des temples. Quand on pense que les Moches avaient réussi à irriguer et donc mettre en culture encore plus de terres qu’aujourd’hui... Quel peuple !!!

 

A la fin du parcours nous croisons plusieurs chouettes (type chevêche pour les connaisseurs) posées sur les ruines des temples. A défaut de hiboux... En retournant vers le van, nous croisons également pleins de colibri qui butinent dans les arbres. Ils vont tellement vite, que Manu n’arrive même pas à faire une seule photo correcte !

 

 

La matinée est bien entamée et nous souhaitons profiter de l’après-midi pour visiter le musée des tombes de Sipan. Celui-ci est localisé dans une autre ville, à Lambayeque plus au Nord. Il est très récent et expose lui aussi des éléments retrouvés sur le site de Sipan. Plusieurs voyageurs nous l’ont vivement conseillé car il s’agirait d’un des plus beau musée du pays. Malheureusement, à notre arrivée, le garde nous informe que celui-ci est fermé le lundi...Comme nous ne souhaitons pas nous attarder dans le coin, nous préférons continuer notre route direction l’Equateur.

 

Celle-ci est encore longue, rectiligne et traverse une zone désertique présentant assez peu d’intérêt. Nous passons par la ville de Piura qui est, d’après Manu, le lieu d’Amérique du Sud où les gens conduisent le moins bien. Et ce n’est pas peu dire... Heureusement, la route jusqu’en Equateur est asphaltée et de bonne qualité. Nous faisons une dernière escale péruvienne dans une paisible station-service du village de Las Lomas avant de franchir la frontière équatorienne le mardi 24 mai.

 

Ce passage de frontière s’effectue très bien puisque nous sommes quasiment les seuls à nous arrêter voir la douane et la migration. Des dizaines de voiture passent librement d’un pays à l’autre !!! Seul un couple d’allemand s’arrête également... Cette frontière est poreuse à tel point que nous sommes sortis du Pérou sans le savoir, les policiers nous ayant dit de passer sans la moindre formalité ! Du coup, les douaniers équatoriens nous demandent de faire marche arrière pour enregistrer notre sortie du Pérou avant d’entrer en Equateur...

 

Au final, nous sommes doublement contents : d’une part d’arriver dans ce nouveau pays qui nous attire beaucoup et d’autre part de quitter le Nord Pérou où nous ne nous sommes pas toujours sentis très à l’aise...

 

 



25/05/2016
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